Paul Martial, Afriques en lutte, n°17, mars/avril 2012
Une discussion s’est engagée dans
le groupe de travail « Afriques » (GTA) du NPA sur le changement de
statut d’Afriques en Lutte (AEL). Si
nous avons voulu dès le départ, faire d’Afriques en lutte une structure ouverte
aux expressions venant des différentes organisation de la société civile, des
syndicats et des organisations politiques de la gauche africaine, AEL restait l’émanation
du groupe de travail « Afriques » du NPA et à ce titre portait la parole officielle
du NPA sur les questions africaines.
L’évolution de la situation tant
en France que sur le continent nous amène à revisiter les formes
organisationnelles d’AEL.
On connaît les conséquences
désastreuses de cette politique. Interventionnisme aussi diplomatique, la
dernière en date étant les manœuvres de soutien à la réélection de Jean Ping à
la présidence de la Commission de l’Union Africaine contre la candidature
présentée par l’Afrique du Sud.
Au niveau de l’Afrique nous
assistons à plusieurs évolutions. La plus marquante est évidemment le printemps
arabe qui a convaincu à grande échelle que les dictatures mêmes celles qui apparaissaient
les plus solides pouvaient s’effondrer sous les mobilisations populaires.
Dans le camp de ceux qui luttent
contre l’impérialisme une tendance forte apparaît, celle d’un soutien acritique
aux dirigeants africains qui ont eu maille à parti avec l’impérialisme, comme
pour l’ivoirien Gbagbo ou le libyen Kadhafi. Ces militants n’hésitent pas à
tenter des mobilisations de solidarité avec leur politique alors que ces
personnages n’ont été que des représentants des fractions de la bourgeoisie de
leur pays.
D’autres illusions existent sur
le camp des pays prétendument progressistes qui aiderait l’Afrique ou devrait
être un exemple pour l’Afrique. On y fait allusion principalement à la Chine
qui pourtant ne fait que profiter de la division internationale du travail qui
conscrit le rôle de l’Afrique à un immense réservoir de matière première où
l’on peut puiser sans vergogne, sans se soucier des conséquences sociales et
environnementale, du moment que l’on fournit aux quelques dictateurs locaux
leurs prébendes, prix de leur complicité.
Mais l’Afrique c’est aussi ces
formidables mobilisations populaires, ces grèves massives comme les
fonctionnaires en Afrique du Sud et au Botswana ou dernièrement la grève
générale au Nigeria. Ce sont ces manifestations en Ouganda au Burkina Faso
contre le pouvoir ainsi que ces mobilisations contre les usurpations de pouvoir
comme au Gabon ou au Sénégal. Ces mobilisations nous les soutenons sans réserve,
au même titre que les révolutions tunisiennes, égyptiennes ou libyennes.
En France, nous le savons le courant
anticapitaliste qui regroupe les militant-e-s révolutionnaires, la gauche
radicale, les libertaires, les écologistes radicaux sont actuellement divisé-e-s
ce qui se manifeste par des choix organisationnels différents. Certain-e-s sont
au NPA, d’autre dans des organisations libertaires ou dans le Front de gauche.
A cela s’ajoute de nombreuses personnes désorientées par cette division qui se
sont mises en retrait provisoire ou militent dans des associations de
solidarité internationale.
Nous pensons qu’il n’y a aucune
raison valable pour que sur la question de l’Afrique, de la solidarité avec les
luttes africaines, la dénonciation de l’impérialisme notamment français, les
militants anticapitalistes quelque soient leur différences, ne puissent
travailler ensemble dans un même cadre organisationnel, qui soit capable de
devenir un pôle de référence, tant dans la lutte que dans les débats avec les
autres forces de solidarité en France mais aussi avec les organisations
progressistes africaines.
C’est pour cela que nous sommes
en train de discuter sur la façon de mettre Afriques
en lutte à disposition de tou-te-s ces militant-e-s. Afin que chacun-e
puisse se sentir à l’aise, il apparaît nécessaire qu’Afriques en lutte s’autonomise du NPA au niveau organisationnel,
qu’il ne soit donc plus l’émanation du secteur « Afriques » du NPA
mais qu’il devienne un outil animé par des militants anticapitalistes africains
et français. C’est donc cette mutation que nous sommes en train de mener.
Bien sûr des sensibilités et des
différences d’approches se font jour, mais l’objectif est unanimement partagé,
et déjà nous pouvons lancer un appel à tous les personnes qui sont intéressées
par cet objectif de construire un pôle internationaliste, anti impérialiste
fort de soutien aux luttes des populations en Afrique à nous rejoindre et faire
vivre une « Afriques en lutte » désormais autonome.
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