Communiqué du Front de gauche, 14 octobre 2012
Monsieur
le Président François Hollande, vous venez de vous afficher à Kinshasa avec un
bon nombre de dictateurs ayant en commun certes la langue française mais
surtout la corruption et l’oppression de leurs peuples.
Cette
enceinte politique qu’est devenue la francophonie institutionnalisée sert en
particulier à cautionner des élections par l’envoi d’observateur-trice-s qui rendent
un avis complaisant pour le pouvoir en place au grand bénéfice des intérêts
économiques français mais au détriment des peuples concernés. Vous qui n’avez
que le mot démocratie à la bouche, Monsieur le Président, et qui aimez tellement
en bon social-libéral vous abriter derrière les institutions nationales et dans le cas présent internationales, sachez
que l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) est l’un des instruments
de cette démocratie virtuelle qui ne
répond d’aucune façon aux besoins des peuples. Vos promesses de démocratie, Monsieur le Président, nous l’avons vu
récemment en France au sujet du TSCG, n’engagent que celles et ceux qui y croient, alors
qu’il s’agirait de prendre des dispositions
concrètes pour atteindre cet objectif.
Cette
OIF est aussi, sous couvert de la prévention des conflits et de
multilatéralité, devenue une extension du domaine de la lutte interventionniste
guerrière de l’impérialisme français : Monsieur le Président, vous servir de cette possibilité consacrée par la
déclaration de Saint-Boniface adoptée par l’OIF en mai 2006, pour faire intervenir des forces armées africaines
n’appartenant pas au périmètre de la CEDEAO au Mali serait-il dans vos
intentions ? Il est vrai que cela permettrait au dictateur tchadien Idriss
Deby de sortir de son isolement diplomatique et à la France de continuer à
justifier sa présence militaire permanente dans la région. C’est peut-être,
malgré nos mises en garde, la vraie raison de votre venue à Kinshasa :
après tout, serrer la main du dictateur Kabila ou rencontrer à la va-vite
l’opposition, pourquoi pas, si la vraie raison est autrement plus stratégique.
Comme par hasard, le Qatar désormais grand oncle financier de la France et dont
on connaît la passion pour la langue française, fait son entrée dans l’amicale
francophone et devient un ami de la famille.
La
francophonie, il nous importe de vous le rappeler Monsieur le Président
François Hollande, se devrait d’être essentiellement un vrai espace d’échanges
culturels et linguistiques, autour de la langue française, certes, mais aussi
dans le respect des langues locales et dans leur promotion ce qui
générerait un nouvel équilibre dans la relation entre la France et les pays
amis francophones qui sont aussi, doit on le rappeler, le plus souvent d’anciens pays colonisés par
la France. La langue française ne doit pas être traitée seulement comme une
langue de communication et de commerce, elle ne doit plus être la langue de
l’oppression, vecteur du capitalisme et de l’impérialisme, mais redevenir la
langue de l’émancipation des peuples, celle de la Révolution française, celle
qui porte les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité.
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