[Un court argumentaire fort utile qui circule en ce moment dans les réseaux militants et syndicaux, à faire connaitre largement.]
Manifestation de soutien au peuple grec (Paris, 18/01/2012). Source: http://photos.placeaupeuple2012.fr/2012/02/19/851/ |
- Pas de
salaire minimum : un rapport de l’Institut du travail de l’université de
Duisbourg-Essen a établi que plus de 6,55 millions de personnes en Allemagne
touchent moins de 10 euros brut de l’heure – soit 2,26 millions de plus en
10 ans. Par ailleurs, 2 millions d’employés gagnent moins de 6 euros de
l’heure Outre-Rhin et, en ex-RDA, ils sont nombreux à vivre avec moins de
4 euros par heure, c’est-à-dire moins de 720 euros par mois pour
un temps complet.
-
Pauvreté : 6,5 millions de travailleurs, c’est à dire 22% des
actifs, vivent sous le seuil de pauvreté. Les 10% des travailleurs les plus
pauvres ne gagnent que 259 euros par mois. Les 10% d’au dessus gagnent
seulement 614 euros par mois. Il y a 12 millions de pauvres (=
moins de 940 euros par mois pour 1 personne seule) sur 82 millions
d’habitants), soit 15% de la population (c’est plus qu’en France).
Entre 1992 et 2006, le revenu des 10% les plus pauvres a baissé de 13%,
tandis que celui des plus riches s’est accru d’un tiers. 42% des familles
monoparentales vivent de l’allocation Hartz IV (équivalent de notre RMI).
70% des chômeurs allemands vivent sous le seuil de pauvreté. Il y a 7
millions de Hartz IV en Allemagne. Les 660 euros que touchent en moyenne les
allocataires d’Hartz IV sont inférieurs au seuil de pauvreté. Ces
allocataires ne comptent pas dans les chiffres du chômage. En février 2010,
la Cour constitutionnelle de Karlsruhe a finalement déclaré la Loi Hartz IV
constitutionnelle, mais demandé au législateur de revaloriser l’allocation
de base. La Cour a notamment jugé que le mode de calcul retenu violait le
droit au “minimum vital digne” garanti par la constitution. De 359
euros par personne, l’allocation minimum a depuis été revalorisée à 374
euros…
- Baisse du
pouvoir d’achat : 80% des actifs ont perdu du pouvoir d’achat entre
2000 et 2010. La baisse du pouvoir d’achat est en moyenne entre 2000 et 2012
de 2,5% pour l’ensemble des salariés, pour les 5 catégories les plus
précaires de 5 à 22% .
-
Précarité de l’emploi, explosion du temps partiel et de
l’intérim : la réforme Hartz IV a conduit à une telle multiplication des
petits boulots – à 5 ou 8 heures par semaine – que la durée moyenne du
travail est tombée à 30,3 heures. Création des contrats “Minijobs”
(contrat de travail précaire, de courte durée et moins taxé) et des
contrats “Midijobs” (salaire compris entre 400 et 800 euros par
mois). Jusqu’à 400 euros, le patron est exonéré de charges. Le salarié
aussi, mais du coup il ne cotise pas pour la retraite et
l’assurance-maladie. En cas de perte de ce boulot, il n’a pas de droit à
l’allocation chômage. Il y a 6,5 millions de « mini-jobers »
avec des emplois à 400 euros pour 60h par mois ; 7, 84 millions
d’emplois à temps partiels. Sur les 322000 emplois crées en 2010, 57% sont
des temps partiels. .En dix ans, l’Allemagne a créé deux millions d’emplois
à temps partiels, de courte durée : 18,3 heures en moyenne. Il y a 1
million d’intérimaires ; pour exemple, l’usine BMW de Spandau n’a pas
embauché de CDI depuis 2001, et 26%de ses salariés sont
intérimaires.
- Baisse
des salaires : Le salaire moyen a baissé de 4,2% en dix
ans
- Baisse de
l’espérance de vie : l’espérance de vie des personnes aux plus
faibles revenus – ceux qui touchent moins des trois quarts du revenu moyen –
est passée de 77,5 ans à 75,5 ans en seulement 9 ans (2001 à
2010); en ex-RDA, la chute de l’espérance de vie des petits revenus
est encore plus marquée : elle est passée de 77,9 ans à 74,1 ans sur
la même période.
- Précarité
des séniors : seulement 26,4% des personnes âgées de 60 à 64 ans
occupaient en mars 2011 un emploi soumis à cotisations sociales. Moins de
19% occupaient un emploi à temps plein. Rappelons que ces mêmes séniors ont
vu l’âge de départ en retraite reculer… sans pour autant trouver du travail.
Le développement de l’épargne-retraite privée est par ailleurs encouragé
avec la mise en place d’un système complémentaire de pensions privées par
capitalisation avec incitations fiscales. Selon le ministère des affaires
sociales, plus de 660 000 séniors de 65 à 74 ans ont un emploi à temps
partiel pour compléter leur pension. Lire à ce sujet cet
article. Récemment le
quotidien Die
Welt a rapporté que les
chiffres du chômage des seniors sont truqués. Un chômeur de plus de
58 ans sur deux n’est plus répertorié dans les chiffres de la Bundesagentur
für Arbeit (l’agence pour l’emploi). Le ministère du Travail a d’ailleurs dû
reconnaître que début 2011, seulement 43% des seniors bénéficiaires
du chômage étaient enregistrés sur les listes.
- Le
chômage et le Hartz IV : Seule la 1ère année de chômage
est indemnisée. La 1ère année de chômage est indexée sur le
dernier salaire ; ne peut toucher cette allocation que celui qui
dispose de moins de 9750 euros d’économies, sinon il faut vivre sur ses
avoirs. Les chômeurs de moins de 25 ans qui vivent chez leurs parents voient
leur indemnité baisser de 20%. Au-delà d’une année, les chômeurs ont droit à
une allocation de 370 euros, somme modulée en fonction des revenus du
couple, de son patrimoine et du nombre d’enfants – une partie du loyer et du
chauffage est remboursée par l’agence pour l’emploi – à condition d’accepter
les emplois qui leur sont proposés. L’allocation est réduite de 60% en cas
de deux refus la même année. Elle est supprimée au troisième refus. Y
compris si l’emploi est en dessous de la qualification. La prostitution
étant légale en Allemagne, une chômeuse a été radiée pour avoir refusé
d’être secrétaire dans un bordel… no comment… (il me semble que ça a été
invalidé par la Cour constitutionnelle).
Les « Jobs à
1 euro de l’heure », censés permettre aux chômeurs de garder une
vie sociale et le contact avec le monde du travail, ne peuvent être
refusés par les chômeurs (qui du coup sortent des statistiques du
chômage). Par exemple, une douzaine de scientifiques sans emploi ont été
obligés par la « Bundesagentur für Arbeit » (agence pour l’emploi)
de travailler pour l’université de Hambourg. (A lire
ici)
- Un
service de l’emploi scandaleusement intrusif : des agents s’invitent
au domicile des chômeurs, épluchent les relevés de compte, ouvrent les
frigos pour voir si il y a des dépenses inconsidérées, vérifient que vous
êtes bien en colocation et non en couple…
- Des
écoles qui préparent les enfants à une vie de Hartz IV : dans leur
livre « Deutschland dritter Klasse », Julia Friedrichs, Eva Müller
et Boris Baumholt font un état des lieux hallucinant, au travers de
témoignages. L’un d’eux est frappant : dans une école spécialisée pour
enfants en difficultés à Bochum, les enfants et ados apprennent comment
composer un petit déjeuner pas cher en utilisant les promotions, à meubler
un appartement de 40m2, à étudier les tracts de chez Aldi…. Un reportage vidéo à
pleurer a aussi été réalisé
dans cette école.
-
Cerise sur le gâteau, l’Organisation internationale du travail
affirme dans un rapport récemment publié que la politique allemande de
compétitivité est « la cause structurelle » de la crise en zone
euro !
Vous en avez
cauchemardé, Schröder et Merkel l’ont fait ! Alors, dites le partout
autour de vous, à vos amis, à vos collègues, à ceux qui pensent voter pour
Sarkozy ou Bayrou (grands défenseurs de ce modèle) : il faut refuser
de suivre cette voie !
Sources :
Spiegel, Organisation internationale du travail, OCDE, Deutsches Institut
für Wirtschaftsforschung, Ministère du travail allemand, Rue 89, Marianne,
connexion-emploi.com, myeurop.info, CIDAL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire