Nabil Yahiaoui, Convergences et alternative Chambéry, 1er
février 2012
Meeting du Front de gauche à Nantes (14 janvier 2012). Par Stéphane Burlot. |
Il reste moins de trois mois
avant le premier tour de l’élection présidentielle qui pourrait marquer une
défaite de Sarkozy et de la droite pour la première fois depuis 1995.
Lors de son intervention
télévisée dimanche 29 janvier dernier Nicolas Sarkozy a défendu les intérêts du
grand patronat. L’annonce de la TVA « sociale » est un cadeau
de 13 milliards à son électorat de base, les entrepreneurs. Avec l’augmentation
de la TVA, impôt extrêmement injuste, c’est une nouvelle exonération d’impôts
et de cotisations sociales (0,8% de PIB,) dont bénéficient les grandes
entreprises au nom de la sacrosainte compétitivité française. La volonté d’entrainer
les syndicats dans des négociations « emploi-compétitivité » trace l’orientation
économique de Sarkozy. Cette compétitivité tant encensée se décline par l’accentuation
de la pression sur les salarié-e-s avec le recours au chantage des délocalisations
pour maintenir les taux de profits. Elle ne fait qu’accroitre la concurrence
entre les travailleur-euse-s à l’échelle du globe et renforce les dramatiques replis
nationalistes et racistes au nom du mythe de la préférence nationale.
La campagne « Sarkozy 2012 »
serait ainsi axée sur la compétitivité et la différenciation des travailleurs
bénéficiant d’un emploi et les autres, exaltant la concurrence et le « mérite »…
Les digues avec le FN étant levées, une campagne comme celle de 2002 centrée
sur les questions sécuritaires et d’immigration serait risquée pour lui et
semble peu crédible grâce au travail consciencieux de Guéant assurant le profil
nationaliste. Les déclarations récentes de Xavier Bertrand voulant publier dans
la presse le nom des fraudeurs aux allocations familiales ou encore Laurent
Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur, souhaitant favoriser l’accès au
logement social prioritairement aux travailleur-euse-s bénéficiant d’un emploi
aux détriments des chômeurs, divisent une fois de plus les salarié-e-s et
les chômeur-euse-s, les « actifs » et
les« inactifs », les « méritant-e-s » et les « assisté-e-s ».
Marine le Pen, adoubée et
totalement normalisée par les médias, continue quant à elle, son opération
de transformation du FN en parti de gouvernement. Des années de racisme et d’islamophobie
amplifiées par le 11 septembre 2011 et combinées aux ravages produits par
la crise de 2008 et l’accumulation des « affaires » du Sarkozysme (Bettencourt,
Karachi, etc.) créent les conditions pour ancrer durablement le FN dans e
paysage politique.
François Bayrou, perché sur son
score de 2007, monté artificiellement par les médias et son « produire
français », risque de perdre son audience lors de l’intensification de la
campagne tant son programme économique et social se différencie peu du
programme de centre-gauche d’un François Hollande qui, tout comme ses défunts
homologues Papandréou, Zapatero, et Socrates, accepte la logique de l’austérité
et de faire payer, au final, la crise
aux plus pauvres. C’est pourquoi il est urgent qu’un débat s’ouvre entre celles
et ceux qui se revendiquent de gauche si on considère que l’intérêt du peuple
est prioritaire sur les intérêts des puissances de l’argent. Face à la crise,
le clivage à gauche repose sur la question de qui doit en payer la facture,
avec comme perspective la rupture ou non avec un système capitaliste et
productiviste qui ne vit qu’à travers des crises successives et l’exploitation
de la majorité de la population mondiale et de la planète.
Aujourd’hui, à gauche, c’est le Front
de Gauche qui porte les réponses nécessaires et tant attendues au service
du peuple.
Depuis de nombreuses années, tout
augmente (logement, produits alimentaires,…) sauf les salaires. C’est pour cela
qu’il faut imposer un rattrapage salarial avec l’instauration du Smic à 1700
euros. Avec 5 millions de chômeur-euse-s et des millions de travailleur-euse-s précarisé-e-s
par le temps partiel et des salaires de misère, il faut travailler moins (35,
voire même 32h) pour travailler tou-te-s.
Face au chantage des délocalisations
comme l’illustre le cas de Lejaby, il existe un certain nombre de solutions :
augmenter les pouvoirs des salarié-e-s et de leurs représentant-e-s dans l’entreprise
avec par exemple l’instauration d’un droit de veto sur les licenciement et les
délocalisation ; engager la relocalisation industrielle et instaurer, en
France et en Europe, des visas sociaux et écologiques pour lutter contre le
dumping social et environnemental ; défendre la mise en place d’un salaire
minimum européen...Un gouvernement de gauche digne
de ce nom qui voudrait en finir avec trois victoires de la droite (1995,
2002 et 2007), devrait également annoncer l’abrogation immédiate de toutes les mesures
antisociales et antidémocratiques prises par la droite.
Pour faire vivre ces mesures d’urgence,
il faut amplifier la dynamique du Front de gauche. L’affluence aux meetings de
campagne et notamment à ceux avec Jean-Luc Mélenchon (3000 à Metz, 4500 à
Besançon, 6000 Nantes…) est un signal prometteur du mouvement de masse ce
qu’il est possible, et nécessaire, de construire. Seule la mobilisation
populaire et l’engagement citoyen permettront non seulement de battre Sarkozy,
la droite et l’extrême-droite, mais aussi de faire en sorte que le gouvernement
de gauche qui parviendra au pouvoir mène une véritable politique de
changement.
Pour en finir avec la précarité et les
discriminations, pour engager la planification écologique et rompre une fois
pour toute avec l’avidité capitaliste qui ravage notre planète, avec le Front
de gauche, prenez le pouvoir !
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