Alain Montaufray, CetA Aubervilliers (93), équipe d’animation
nationale, 20 octobre 2011
"Avec le Front de gauche, enflammons de débat!" |
3
millions d’électeur-trice-s à la primaire socialiste, c’est un événement
politique. Une partie importante de l’électorat de gauche s’est mobilisée, au
delà des soutiens habituels du PS. Si les débats ont fait apparaître peu de
différences entre Aubry et Hollande, les résultats du premier tour ont démenti
les commentateurs et sondeurs du système médiatique, avec 17 % des électeur-trice-s se
servant du bulletin Montebourg pour dire au PS « à gauche, plus à gauche »… Une
nouvelle confirmation des grandes tendances à l’œuvre dans l’opinion : se saisir
de toutes les occasions offertes, s’engouffrer dans toutes les brèches, pour
exprimer la double volonté de mettre fin au sarkozysme et de pousser la gauche
le plus à gauche possible, dans cette situation de crise sans fin devenant de
plus en plus insupportable.
Il
restera beaucoup à dire sur le principe de « primaires » et le second tour
laisse dubitatif sur le « renouvellement » des pratiques. Il fut dominé par les
mécaniques habituelles de ralliements au sein du PS, et un matraquage
pro-Hollande prétendant que lui seul, et de surcroit un homme, pouvait vaincre
Sarkozy. Tout cela pour désigner le candidat assumant une politique de « centre
gauche », dite de la « gauche molle », face à une « droite dure » qui espère
d’ailleurs en tirer profit.
Pourtant,
dans tous les scrutins depuis 5 ans (européennes, régionales, cantonales,
sénatoriales) une majorité de gauche s’affirme dans l’opinion, alors que le «
centre droit » se rétrécit, y compris aux sénatoriales, scrutin pourtant
taillée sur mesure pour favoriser les notables des « centres ». Mais Hollande, après
Valls, veut ressusciter Bayrou ! Répétant que « la gauche ne peut être
majoritaire à elle seule », il en appelle au « rassemblement », non vers la
gauche, mais vers le centre. Comme si, effrayé de l’exigence grandissante que
la gauche soit vraiment à gauche pour résister à la crise du capitalisme
libéral, Hollande avait besoin de cet alibi du « centre » avec qui s’allier
pour faire accepter son orientation basée sur la réduction des déficits, le
paiement de la dette, le respect de la « règle d’or » des financiers, et « les
sacrifices » qui vont avec.
Les
électeur-trice-s de gauche, qui ne trouvent pas leur compte dans cette primaire
socialiste, donnant finalement l’investiture à un candidat annonçant qu’il ne
pourra faire mieux que ses amis socialistes Grecs, Espagnols, ou Portugais,
auront l’occasion de faire le vrai choix lors des premiers tours de la
présidentielle et des législatives en 2012.
Ce
sera la vraie « primaire » à gauche en quelque sorte, avec tou-te-s les
électeur-trice-s de gauche cette fois-ci, pour choisir entre une gauche de
transformation sociale, ou une gauche d’accompagnement du libéralisme, entre
les candidat-e-s socialistes ou les candidat-e-s du Front de gauche. Ils
pourront le faire sans crainte de favoriser la droite, dès lors que tou-te-s
les candidats se seront engagé-e-s à se rassembler au second tour derrière le
mieux placé pour battre enfin la droite et écarter l’extrême-droite.
D’autant
que 2012 ne se réduit pas à l’élection d’un président, mais aussi à celle d’une
Assemblée nationale qui décidera dans quel sens penchera la balance, vers la
droite, vers une gauche d’accompagnement de la crise, ou vers une gauche de
transformation qui, adossée au mouvement social, assumera la confrontation avec
le système financier et imposera un autre partage des richesses, et peser sur
la situation gouvernementale, quelle qu’elle soit.
Le
débat à gauche commence vraiment maintenant. Pour un vrai choix, à gauche à 100
% pour battre la droite !
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