vendredi 21 décembre 2012

École : refondation ou continuité ?

Communiqué du Front de Gauche de l’éducation, Paris, le 16 décembre 2012

Manifestation Education nationale, Paris 31 janvier 2012
Quelques jours après la publication de son projet de loi d'orientation pour l'éducation, Vincent Peillon s’emploie à mettre en valeur le contenu de sa « refondation » de l’Ecole, par une initiative publique autour de la question des « nouvelles technologies ». Après le long feuilleton des « rythmes scolaires » dont le résultat pourrait bien être d’aggraver les disparités territoriales et de briser le cadre républicain, après ses déclarations sur la «morale laïque » qui ne se sont guère attardées sur les conditions d’une véritable émancipation individuelle et collective, voici donc la dernière façon dont le Ministre entend occuper le terrain médiatique.
C’est que le projet de loi lui-même est bien mal fait pour emporter l’enthousiasme. Bien-sûr, le Front de gauche ne peut qu’approuver la réouverture des perspectives en matière de création de postes, de scolarisation précoce et d’annonce de la remise en chantier de la formation des enseignants. Mais qu’en est-il des objectifs que se donne le pays pour préparer à une société où l’humain primerait sur la finance ? Quels savoirs transmettre aux futurs citoyens et aux futurs travailleurs, de la maternelle aux lycées ? Peut-on  se contenter d'en rester à une scolarité obligatoire à 16 ans qui remonte a 1959 et ignorer le besoin de la porter à 18 ans et d'assurer à tous une qualification reconnue? Comment  faire progresser le niveau des apprentissages premiers en lecture et en mathématiques, condition essentielle pour une scolarité réussie ? Comment  assurer une véritable égalité des conditions d’enseignement sur l’ensemble du territoire ? Comment assurer au plus grand nombre l’accès au recrutement et la formation professionnelle et scientifique des enseignants ? Comment  défendre le service public face aux ravages de l’enseignement privé en France ? De tout cela, pas un mot, ou presque. Le projet s’inscrit d’emblée dans l’idéologie de l’égalité des chances, de l’existence d’aptitudes individuelles. L’individualisation y reste la règle dont on sait qu’elle profite toujours aux mêmes !
La première exigence portée par le Front de Gauche pour une véritable transformation de l’école est au contraire la reconnaissance de la capacité de tous à réussir en s’en donnant les moyens. Accoler le terme de culture au socle de connaissance et de compétences n’est qu’un pis-aller qui vise à tenter l’impossible synthèse entre un programme néo-libéral et l’aspiration à un haut niveau de culture pour tous qu’imposent les évolutions sociales, économiques et culturelles de notre époque.
L’austérité est décidément incompatible avec toute idée d’une refondation égalitaire de notre système d’enseignement. Il est temps de promouvoir un tout autre projet de loi. Nous invitons l’ensemble des citoyens intéressés par l’éducation à se réunir en assemblées citoyennes et à intervenir pour que la page ouverte par la défaite de la droite ne soit pas si vite refermée.

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