Depuis la cérémonie
de passation des pouvoirs entre Sarkozy, le battu, et Hollande,
l’élu, nous recevons un déluge d’images et de commentaires émus
sur le président « normal ». Il ne fait aucun doute que pour la
salubrité de la vie publique, cela vaut mieux que le show sarkozien
écoeurant de 2007. Mais il ne faut pas s’y tromper : François
Hollande, comme Mitterrand en son temps, enfile les habits d’un
système de pouvoir foncièrement hiérarchique, monarchique, où le
pouvoir d’un seul homme décide du sort du pays.
Le spectacle est
maintenant donné au pouvoir de nomination : du président sur le 1er
ministre, puis sur les heureux-ses « nominé-e-s » du gouvernement,
sans qu’à aucun moment le peuple n’ait d’autre mot à dire
qu’à s’émouvoir d’une Mme Aubry renvoyée à ses foyers ou à
d’autres petites vengeances de ce genre.
Autrement dit, l’élection
présidentielle commande toute la vie politique et en irradie toutes
les conséquences. Comme si l’élection des député-e-s qui
commence maintenant n’était qu’un détail complémentaire. Nous
rencontrons d’ailleurs des citoyens qui nous disent, lorsque nous
leur tendons des tracts sur les législatives : « Mais c’est fini
les élections, non ? ». Leurs interrogations en disent long sur le
formidable rapt anti-démocratique de la présidentielle et sur le
nécessaire travail politique de fond pour renverser cet état
d’esprit.
Simultanément, le
pouvoir populaire prend également racine dans les luttes sociales
(occupation de leur usine par les Fralib qui veulent faire prévaloir
leur contre-projet), les mobilisations citoyennes, les mouvements
écologiques (aéroport de Notre Dame des Landes !) ou territoriaux,
la solidarité entre peuples d’Europe et du monde (Grèce !). Et il
y a nécessité que le pouvoir populaire issu des luttes se dote
également d’institutions autonomes.
Ainsi luttes et suffrage
universel se complètent et se répondent dans une démocratie qui
s’auto-organise et s’approfondit. Voilà notre programme de fond
pour représenter le pouvoir et le projet d’une société
débarrassée de tout despotisme, de toute oppression et domination.
Tout de suite, nous
devons agir pour que le Front de gauche ait la plus forte
représentation possible à l’Assemblée nationale. Cela peut aussi
vouloir dire un front commun de la gauche si une menace existe d’un
duel final FN-UMP, mais le débat doit être porté sur la place
publique. Aucune combinaison tactique ne peut réduire le poids
politique menaçant du Front national, qui déploie ses tentacules
dans une droite de plus en plus UMPénisée. Pour battre le FN, il
n’y a qu’une seule voie : gouverner à gauche, vraiment,
clairement, à 100%.
Le Front de gauche a
d’ores et déjà un programme de mesures d’urgence et de
propositions de lois. Pour s’attaquer à la richesse et à la
finance (le seul ennemi de F. Hollande, faut-il le rappeler ?), des
décisions immédiates peuvent être prises avant juin.
- Relèvement du SMIC (1700 euros), avec un signal donné à tous les salariés que la reconquête des salaires est en route, inversant le partage inégal salaires-profits que l’on connaît depuis 1982;
- Campagne publique pour un audit citoyen de la dette, avec une adresse aux peuples d’Europe : nous sommes solidaires face à la finance et certaines dettes seront purement et simplement annulées.
- Adresse aux peuples d’Europe que le Traité budgétaire Merkozy aggrave la crise de manière suicidaire et doit être annulé. En France, un référendum le confirmera si le moindre doute existe.
- Face à l’avalanche de plans de licenciements et de fermetures d’entreprises (une vingtaine de situations recensées), un moratoire national peut être décidé. Jean-Luc Mélenchon s’est adressé au nouveau président pour proposer des mesures donnant aux salarié-e-s le droit de veto sur les décisions patronales et la possibilité légale de faire valoir des contre-projets (blog : www.jean-luc.melenchon.fr).
Au-delà des urgences
immédiates, des projets de lois devront être popularisés dans tout
le pays afin que le rapport des forces se déplace vraiment à gauche
dans le débat public et se traduise par un groupe puissant du Front
de gauche.
Simultanément au bras de
fer européen incontournable pour refuser la légalisation de
l’austérité (traité Merkozy), le gouvernement engagera le budget
2013. Celui-ci devra obligatoirement comprendre, pour les recettes,
un volet fiscal radicalement en rupture avec les complaisances qui
durent depuis plus de dix ans avec les hauts revenus. Ce ne sont pas
seulement les
multimillionnaires qui doivent être visé-e-s, mais un vrai retour à l’impôt proportionnel, dont l’abandon coûte des dizaines de milliards d’euros aux finances publiques, un vrai rétablissement de l’impôt sur la fortune, et la suppression simultanée de la TVA sur les produits de première nécessité.
multimillionnaires qui doivent être visé-e-s, mais un vrai retour à l’impôt proportionnel, dont l’abandon coûte des dizaines de milliards d’euros aux finances publiques, un vrai rétablissement de l’impôt sur la fortune, et la suppression simultanée de la TVA sur les produits de première nécessité.
Les finances publiques
sont en crise, et donc à la merci des marchés financiers et des
profiteurs de la dette, à cause de l’insuffisance des recettes, et
non du trop-plein de dépenses. C’est le message que le Front de
gauche et un authentique pouvoir de gauche devraient populariser dans
le pays et au-delà en Europe, afin de clouer le bec aux intégristes
libéraux de la troïka (BCE,
Commission, FMI) qui étrangle la Grèce, l’Espagne et tous les peuples.
Commission, FMI) qui étrangle la Grèce, l’Espagne et tous les peuples.
Pendant la campagne des
présidentielles, beaucoup de personnes nous disaient : « Je suis
d’accord avec vous, mais je veux d’abord virer Sarkozy ». Virer
Sarkozy, nous l’avons fait ensemble ! Les quatre millions de voix
du Front de gauche ont compté. Maintenant, il faut donner au Front
de gauche un poids politique maximal. Nous appelons au débat les
électeur-trice-s de
Hollande et du Parti socialiste. Les projets de Hollande et ceux du Front de gauche rendent un gouvernement commun impossible. Le compte n’y est pas. Il faut changer cette situation.
Hollande et du Parti socialiste. Les projets de Hollande et ceux du Front de gauche rendent un gouvernement commun impossible. Le compte n’y est pas. Il faut changer cette situation.
La vraie gauche, c’est
avec le Front de gauche ! Donnez vos voix à ses candidat-e-s !
Au delà des incantations et demandes de changements, il faudrait trouver de quoi convaincre une majorité de citoyens.
RépondreSupprimerOr nous sommes loin du compte.
Une des premières tâches serait de comprendre la haine qui sourde chez une grosse partie de l'électorat. Pourquoi tant de citoyens, 'ordinaires' comme vous et moi, ressentent-ils tant de haine envers les gauches en générale et l'extrême gauche ou la gauche de la gauche ?
[Incidemment, il y a là un vrai problème de nommage !
Extrême g. ? Gauche de g. ? g. démocratique ? Front de/des g. ? ... si on veut 'rassembler' il faut nommer clairement.]
Une fois cette haine comprise, au minimum analysée, il s'agira d'élaborer des remèdes pour la faire reculer.
Certes il existe pour une bonne part des mensonges ou à-peu-près répétés et répandus par une propagande efficace. De même nos médias de masse parviennent à maintenir un niveau d'inculture, d'ignorance indéniable.
Ceci ne change pas notre faute collective : incapacité à changer le monde qui s'abîme devant nous et en toute conscience.
La population VOIT les désastres du capitalisme mais se refuse à en tirer les conséquences. Et nous (à gauche de la gauche ...) à en déterminer une stratégie efficace.
Nous sommes des nuls, car cette situation empire depuis des dizaines d'années sans que nous parvenions le moindre peu à y changer qqchose.
Il faudrait donc changer de méthode si l'on souhaite vraiment changer ce monde.
Je ne vois rien venir.
Non-pas qu'il n'existe pas de nombreuses et louables initiatives, aucune ne parvient à convaincre dans les actes institutionnels (votes ..) nos citoyens - une majorité.
La victoire contre Sarkozy est indéniable, n'a-t-il pas tout fait pour se faire détester ?
Mais vous le savez parfaitement, le PS ne fera RIEN contre le système actuel en voie de déconfiture.
Suffira-t-il d'attendre un désastre social ?
Mais pour quels changements ?
En discutant avec 90% de la population on parvient à se mettre d'accord sur l'état catastrophique du système.
Et pourtant aucune majorité n'osera le mettre à bas sans un couteau dans le dos, une réelle peur-panique, comme dans les circonstances les plus dramatiques de l'histoire nous le montrent.
Il reste tout à faire pour se débarrasser non pas du système, puisque tout le monde est d'accord pour le changer, mais de son acceptation par la population.