Forum social mondial de Dakar, 6 février 2011. |
50 ans après les décolonisations
africaines les espoirs de développement et de construction de sociétés
démocratiques, souveraines, solidaires et égalitaires n’ont pas été réalisés. La
responsabilité historique du capitalisme européen est engagée, pour toutes les
entraves qu'il a mis au développement de l'Afrique, de l'esclavagisme qui a
déstructuré les sociétés africaines, jusqu'au colonialisme et aux politiques
impérialistes qui ont organisé le pillage des ressources et formaté l'activité
économique de l'Afrique pour les seuls besoins des entreprises
multinationales. Les peuples n’ont pourtant pas dit leur dernier mot. De Dakar
à Johannesburg en passant par Lagos, de grèves générales en mouvements
populaires, ils témoignent de leurs aspirations et de leurs combats pour
construire une autre Afrique et un autre monde. C’est dans cette dynamique que
le Front de gauche entend changer radicalement la politique de la France avec
l’Afrique.
Un ordre néolibéral destructeur
La domination idéologique du
libéralisme et la domination des grandes puissances contre les pays du Sud ont
engendré la marchandisation générale de toutes les activités humaines, y compris
le corps lui-même, et de toutes les ressources de la planète. Désormais, aucun
pays ne peut échapper à la mondialisation néolibérale. Tout s’y vend. Les
forêts primaires sont dévastées pour ouvrir des routes vers l’exploitation des
mines ou pour offrir des meubles exotiques bon marché dans les jardins
occidentaux. Les entreprises ont délocalisé en masse leurs productions en
fonction du coût salarial le plus faible. Fuyant les mesures environnementales
prises dans les pays du Nord, les entreprises choisissent de produire au
détriment de la santé des populations. Les marchés financiers ont pu organiser
une fantastique économie de casino avec les conséquences que l’on connaît
jusqu’à la dernière crise financière. Le capitalisme financier transnational ne
porte pas seulement en lui les germes de conséquences sociales effrayantes
(explosion des inégalités de richesse, appauvrissement des Etats, tensions
géopolitiques), mais provoque également une crise écologique qui met
aujourd’hui en péril l’avenir même de l’humanité.
Un continent sous ajustement
En Afrique, ces politiques ont
été imposées et soutenues par la Banque mondiale et le FMI à partir des années
80 sous couvert « d’ajustement structurel ». Elles ont organisé la
privatisation et le dépérissement des Etats, démantelé les barrières
douanières, et confié l’exploitation des richesses aux multinationales
étrangères. Elles ont ainsi privé les Etats de leurs instruments de
souveraineté et de leurs possibilités de développer des politiques de
développement endogène adaptées.
Ces politiques n’ont eu de cesse
d’encourager l’active complicité d’une grande partie des « élites »
dirigeantes, à la fois idéologiquement converties et financièrement corrompues.
Nombre de gouvernements autoritaires et dictatoriaux ont ainsi bénéficié pendant
très longtemps non seulement de la mansuétude mais du soutien actif des grandes
puissances – au premier rang desquelles la France – qui s’assuraient ainsi la
stabilité de leurs intérêts économiques et géostratégiques, au détriment des
peuples.
Le constat est accablant :
l’Afrique continue d’être exclue d’une partie des flux financiers
internationaux et des investissements étrangers. Les conditions de vie stagnent
depuis 10 ans, et diminuent même pour sa partie subsaharienne. La plupart des
Etats ne parviennent pas à réduire leurs dettes, ni à offrir les services
publics essentiels pour atteindre les objectifs du Millénaire : accès à
l’éducation, à la santé, à l’eau, etc.
Désastres économiques, écologiques, politiques et sociaux
Le continent africain dispose
d’innombrables richesses, naturelles et minérales, en plus de la jeunesse de sa
population et de sa vitalité démographique, mais n’est pas en mesure d’en tirer
profit. Comme durant la période de colonisation, les ressources de l’Afrique
continuent inexorablement d’être pillées par les multinationales étrangères.
Après l’exploitation des richesses du sous-sol (minerais, gaz, pétrole) et le
commerce des ressources naturelles (cultures, bois, etc.), ce sont désormais
les meilleures terres agricoles qui font l’objet de tous les marchandages.
L’accaparement des terres cultivables par des entreprises et Etats étrangers
privent les paysans africains de leurs cultures. Le lobbying de Monsanto pour
imposer ses semences génétiquement modifiées aux paysans se développe, mettant
en péril la souveraineté alimentaire. Et ce alors même que le réchauffement
climatique représente une menace particulièrement importante pour
l’Afrique : le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du
climat (GIEC) prévoit ainsi l’accroissement des températures, la diminution des
précipitations, la poursuite de l’avancée du désert et donc la baisse de
fertilité des sols et de biodiversité dans certaines régions.
Les conséquences en termes
sociaux et politiques sont catastrophiques. Le chômage et la précarité explosent.
En milieu rural, les paysanneries qui constituent la grande majorité des
emplois, ont été abandonnées au « libre » jeu des marchés et les
structures d’appui ont été démantelées par les politiques d’ajustement. Depuis
la crise mondiale, les avancées sociales et démocratiques gagnées suite à de
nombreuses luttes ont été remises en question. Seules les classes dominantes
ayant des revenus conséquents tirés de la rente de situation profitent de leurs
liens étroits avec le pouvoir.
Face à cette situation, le Front de gauche propose une inversion des
priorités et s’engage pour mener une nouvelle politique de la France avec le
continent africain.
Le Front de Gauche veut engager la France dans un processus de
révolution citoyenne qui marquera une rupture avec le productivisme et rendra
au peuple ses droits dans le cadre d’une société solidaire, ouverte et internationaliste.
L’événement majeur que constituera l’accession au pouvoir d’un gouvernement du Front
de Gauche en France permettra de mettre en œuvre conjointement des axes
d’intervention avec les pays africains et ce dans le respect des souverainetés
réciproques. Avec les « révolutions citoyennes » qui naissent sur le
continent, et en soutenant les associations des sociétés civiles, les
mouvements sociaux et partis progressistes qui résistent au libéralisme, nous aurons
l’opportunité historique de donner un nouveau cours, tant en France que dans
les pays africains, à un processus d’émancipation que nous pourrons bâtir en
commun afin d’en finir avec la surexploitation économique et l’obstruction
politique et déconstruire le multi-interventionnisme néo colonial.
En finir avec le néo-colonialisme et la « Françafrique »
La première des ruptures consiste
à réintégrer la politique entre la France et les pays africains dans le cadre
normal de la politique internationale de la France : fin du « domaine
privé » du Président de la République,
débat et vote au Parlement des orientations stratégiques et de la mise
en œuvre de cette politique. La deuxième rupture est le choix délibéré de
contribuer au développement des pays africains plutôt que de renforcer par
notre présence militaire le maintien au pouvoir de dictateurs à la solde de
l’impérialisme français. La troisième rupture est celle de la non-ingérence et
du respect des identités et des cultures : nous ne chercherons pas à
imposer notre conception de la démocratie et du fonctionnement de la société
mais nous soutiendrons toute innovation progressiste visant l’émancipation
humaine.
Construire un véritable partenariat
La France s’engagera dans un
partenariat d’égal à égal avec les pays africains : appui à la définition
d’un modèle de développement centré sur le social et l’écologique, à la
redéfinition d’un modèle démocratique réel et des conditions concrètes du fonctionnement
démocratique, et à la création d’un marché africain protégé permettant un
développement auto-centré et des échanges équilibrés avec le marché mondial. Nous
participerons au transfert de technologie et aiderons au développement d’une
industrie de transformation sur place à partir des ressources agricoles et
minières, pour sortir de l’économie de rente et de pillage, et de la dépendance
aux exportations de productions industrielles des pays du Nord.
Mener une politique de paix et de solidarité
Nous soutiendrons les programmes
de paix et nous opposerons à la militarisation des relations internationales et
aux dépenses de surarmement. Nous mènerons une politique étrangère qui fera de
la France un acteur solidaire et pacifique.
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