lundi 27 février 2012

Pour une nouvelle politique entre la France et l’Afrique


Forum social mondial de Dakar, 6 février 2011.
50 ans après les décolonisations africaines les espoirs de développement et de construction de sociétés démocratiques, souveraines, solidaires et égalitaires n’ont pas été réalisés. La responsabilité historique du capitalisme européen est engagée, pour toutes les entraves qu'il a mis au développement de l'Afrique, de l'esclavagisme qui a déstructuré les sociétés africaines, jusqu'au colonialisme et aux politiques impérialistes qui ont organisé le pillage des ressources et formaté l'activité économique de l'Afrique pour les seuls besoins des entreprises multinationales. Les peuples n’ont pourtant pas dit leur dernier mot. De Dakar à Johannesburg en passant par Lagos, de grèves générales en mouvements populaires, ils témoignent de leurs aspirations et de leurs combats pour construire une autre Afrique et un autre monde. C’est dans cette dynamique que le Front de gauche entend changer radicalement la politique de la France avec l’Afrique.

Un ordre néolibéral destructeur

La domination idéologique du libéralisme et la domination des grandes puissances contre les pays du Sud ont engendré la marchandisation générale de toutes les activités humaines, y compris le corps lui-même, et de toutes les ressources de la planète. Désormais, aucun pays ne peut échapper à la mondialisation néolibérale. Tout s’y vend. Les forêts primaires sont dévastées pour ouvrir des routes vers l’exploitation des mines ou pour offrir des meubles exotiques bon marché dans les jardins occidentaux. Les entreprises ont délocalisé en masse leurs productions en fonction du coût salarial le plus faible. Fuyant les mesures environnementales prises dans les pays du Nord, les entreprises choisissent de produire au détriment de la santé des populations. Les marchés financiers ont pu organiser une fantastique économie de casino avec les conséquences que l’on connaît jusqu’à la dernière crise financière. Le capitalisme financier transnational ne porte pas seulement en lui les germes de conséquences sociales effrayantes (explosion des inégalités de richesse, appauvrissement des Etats, tensions géopolitiques), mais provoque également une crise écologique qui met aujourd’hui en péril l’avenir même de l’humanité.


Un continent sous ajustement

En Afrique, ces politiques ont été imposées et soutenues par la Banque mondiale et le FMI à partir des années 80 sous couvert « d’ajustement structurel ». Elles ont organisé la privatisation et le dépérissement des Etats, démantelé les barrières douanières, et confié l’exploitation des richesses aux multinationales étrangères. Elles ont ainsi privé les Etats de leurs instruments de souveraineté et de leurs possibilités de développer des politiques de développement endogène adaptées.
Ces politiques n’ont eu de cesse d’encourager l’active complicité d’une grande partie des « élites » dirigeantes, à la fois idéologiquement converties et financièrement corrompues. Nombre de gouvernements autoritaires et dictatoriaux ont ainsi bénéficié pendant très longtemps non seulement de la mansuétude mais du soutien actif des grandes puissances – au premier rang desquelles la France – qui s’assuraient ainsi la stabilité de leurs intérêts économiques et géostratégiques, au détriment des peuples.
Le constat est accablant : l’Afrique continue d’être exclue d’une partie des flux financiers internationaux et des investissements étrangers. Les conditions de vie stagnent depuis 10 ans, et diminuent même pour sa partie subsaharienne. La plupart des Etats ne parviennent pas à réduire leurs dettes, ni à offrir les services publics essentiels pour atteindre les objectifs du Millénaire : accès à l’éducation, à la santé, à l’eau, etc.
Désastres économiques, écologiques, politiques et sociaux

Le continent africain dispose d’innombrables richesses, naturelles et minérales, en plus de la jeunesse de sa population et de sa vitalité démographique, mais n’est pas en mesure d’en tirer profit. Comme durant la période de colonisation, les ressources de l’Afrique continuent inexorablement d’être pillées par les multinationales étrangères. Après l’exploitation des richesses du sous-sol (minerais, gaz, pétrole) et le commerce des ressources naturelles (cultures, bois, etc.), ce sont désormais les meilleures terres agricoles qui font l’objet de tous les marchandages. L’accaparement des terres cultivables par des entreprises et Etats étrangers privent les paysans africains de leurs cultures. Le lobbying de Monsanto pour imposer ses semences génétiquement modifiées aux paysans se développe, mettant en péril la souveraineté alimentaire. Et ce alors même que le réchauffement climatique représente une menace particulièrement importante pour l’Afrique : le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit ainsi l’accroissement des températures, la diminution des précipitations, la poursuite de l’avancée du désert et donc la baisse de fertilité des sols et de biodiversité dans certaines régions.
Les conséquences en termes sociaux et politiques sont catastrophiques. Le chômage et la précarité explosent. En milieu rural, les paysanneries qui constituent la grande majorité des emplois, ont été abandonnées au « libre » jeu des marchés et les structures d’appui ont été démantelées par les politiques d’ajustement. Depuis la crise mondiale, les avancées sociales et démocratiques gagnées suite à de nombreuses luttes ont été remises en question. Seules les classes dominantes ayant des revenus conséquents tirés de la rente de situation profitent de leurs liens étroits avec le pouvoir.

Face à cette situation, le Front de gauche propose une inversion des priorités et s’engage pour mener une nouvelle politique de la France avec le continent africain.

Le Front de Gauche veut  engager la France dans un processus de révolution citoyenne qui marquera une rupture avec le productivisme et rendra au peuple ses droits dans le cadre d’une société solidaire, ouverte et internationaliste. L’événement majeur que constituera l’accession au pouvoir d’un gouvernement du Front de Gauche en France permettra de mettre en œuvre conjointement des axes d’intervention avec les pays africains et ce dans le respect des souverainetés réciproques. Avec les « révolutions citoyennes » qui naissent sur le continent, et en soutenant les associations des sociétés civiles, les mouvements sociaux et partis progressistes qui résistent au libéralisme, nous aurons l’opportunité historique de donner un nouveau cours, tant en France que dans les pays africains, à un processus d’émancipation que nous pourrons bâtir en commun afin d’en finir avec la surexploitation économique et l’obstruction politique et déconstruire le multi-interventionnisme néo colonial.

En finir avec le néo-colonialisme et la « Françafrique »

La première des ruptures consiste à réintégrer la politique entre la France et les pays africains dans le cadre normal de la politique internationale de la France : fin du « domaine privé » du Président de la République,  débat et vote au Parlement des orientations stratégiques et de la mise en œuvre de cette politique. La deuxième rupture est le choix délibéré de contribuer au développement des pays africains plutôt que de renforcer par notre présence militaire le maintien au pouvoir de dictateurs à la solde de l’impérialisme français. La troisième rupture est celle de la non-ingérence et du respect des identités et des cultures : nous ne chercherons pas à imposer notre conception de la démocratie et du fonctionnement de la société mais nous soutiendrons toute innovation progressiste visant l’émancipation humaine.

Construire un véritable partenariat

La France s’engagera dans un partenariat d’égal à égal avec les pays africains : appui à la définition d’un modèle de développement centré sur le social et l’écologique, à la redéfinition d’un modèle démocratique réel et des conditions concrètes du fonctionnement démocratique, et à la création d’un marché africain protégé permettant un développement auto-centré et des échanges équilibrés avec le marché mondial. Nous participerons au transfert de technologie et aiderons au développement d’une industrie de transformation sur place à partir des ressources agricoles et minières, pour sortir de l’économie de rente et de pillage, et de la dépendance aux exportations de productions industrielles des pays du Nord.

Mener une politique de paix et de solidarité

Nous soutiendrons les programmes de paix et nous opposerons à la militarisation des relations internationales et aux dépenses de surarmement. Nous mènerons une politique étrangère qui fera de la France un acteur solidaire et pacifique.

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