vendredi 12 février 2010

Maintenir, dans les semaines et les mois à venir, le cap stratégique de l’unité


Par l'équipe d’animation nationale du courant « Convergences et alternative », 5 février 2010.


Ces quelques notes ne sont qu’une contribution provisoire, sachant qu’une synthèse est encore difficile étant donné la variété de situations régionales différentes. Elles proposent quelques indications de ce que nous pouvons faire dans les six semaines de campagne électorale et de leur suite immédiate. Les perspectives devront être réévaluées à la lumière des résultats réels des campagnes régionales, des nouveaux problèmes politiques qui seront soulevés, des bilans des campagnes réellement menées. Et de nos expériences dans l’action.

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Les évolutions politiques, à la veille du lancement de la campagne des élections régionales, confirment qu’il était nécessaire de construire une large coalition de la gauche de transformation sociale.
- Sarkozy poursuit ses attaques de plus en plus brutales contre les droits sociaux et tente d’utiliser le thème de l’ « identité nationale » pour ressouder l’électorat qui l’avait porté au pouvoir en 2007. Mais la crise économique et sociale est passée par là. Les luttes sociales peinent à se développer et le rapport de force social se dégrade, mais sur le terrain politique, la droite est en difficulté. De larges secteurs de la population ne se laissent plus berner par le « travailler plus pour gagner plus » et les thèmes populistes risquent de faire le lit d’une remontée du Front national plutôt que d’alimenter un soutien à la politique du gouvernement. C’est ce qu’indiquent les premières tendances pour cette élection. La droite peut et doit être battue, tout ce qui peut y contribuer permettra d’éviter une dégradation supplémentaire du rapport de force.
- C’est bien l’absence d’une réponse politique crédible à gauche qui rend Sarkozy encore fort de ces faiblesses. Les évolutions du parti socialiste (PS) vers la recherche d’alliances à droite s’accentuent et se mettent en pratique : à ces régionales, le choix de S. Royal de former une alliance dès le premier tour avec le Modem annonce que la question qui taraude le PS va sans doute se matérialiser dans plusieurs régions au second tour. En même temps, les propos de M. Aubry sur la retraite à 60 ans indiquent le sens de ces évolutions : quand on cherche l’alliance vers le centre, on adopte des politiques respectant les équilibres budgétaires qu’exige la gestion du libéralisme, plutôt que d’y opposer une résistance et une alternative.
- Le silence embarrassé des porte-parole des listes « Région Ecologie » (RE), tant sur les retraites que sur les alliances avec le Modem, indique que le choix de traiter la question écologique sans aborder la nécessaire rupture avec les politiques libérales mène à la confusion politique et à l’impossibilité de créer une alternative écologique et sociale. Pour autant, le vote et le rassemblement derrière RE peuvent apparaître à beaucoup d’électeur-trice-s comme un moyen de bousculer une gauche empêtrée dans ses contradictions. Cela renforce la nécessité d’une gauche de combat rassemblée, sociale, écologique, ouverte aux mouvements sociaux, pour peser dans le rapport de force et ne pas laisser le terrain aux listes Région Ecologie. [...]

Force de l’aspiration unitaire et inconséquences des organisations politiques de la gauche de gauche
Ces élections étaient, après les différents échecs depuis 2007, l’occasion de faire un pas en avant pour s’unir face à la politique de Sarkozy, rassembler une gauche de gauche offrant une alternative aux politiques d’acceptation du libéralisme et aux alliances avec le Modem, et répondre à l’attente des électeur-trice-s et des militant-e-s des mouvements sociaux qui attendent un sursaut d’unité et un correspondant politique aux mobilisations.
Cette aspiration à une unité des forces de la gauche de gauche est toujours fortement présente. Elle a entraîné un vote massif des militant-e-s du Parti communiste (PCF) pour des listes indépendantes du PS, en rupture avec la tradition habituelle de listes d’union avec le PS au premier tour des élections locales. Elle a aussi, à un autre niveau, bousculé le NPA qui s’est retrouvé sans majorité, divisé entre trois orientations différentes. Elle a levé un espoir, pendant ces mois de longues tractations entre partis, parmi des milliers de militant-e-s du mouvement social, de voir enfin se réaliser un rassemblement où elles et ils trouveraient leur place et la traduction de leurs combats sur le terrain politique.
Le bilan provisoire, au terme de la conclusion des accords électoraux, est contrasté, et les configurations à géométrie variable des différentes forces empêchent de dégager une cohérence générale. Cette unité ne se réalisera que partiellement, des pas en avant ont été faits mais sans pouvoir encore donner une pleine dynamique au rassemblement qui se construit et devra s’étendre après les élections s’il veut répondre à l’exigence politique. Là où la gauche de gauche n’a pas fait son unité, c’est le PS qui semble tirer avantage dans les intentions de vote, en l’absence d’une alternative crédible. Il restera cependant une prime à l’unité partielle réalisée autour du Front de Gauche plutôt qu’aux listes isolées du NPA ou de Lutte ouvrière (LO). Pourtant, ce qui se passe en Languedoc-Roussillon est extrêmement encourageant : une dynamique militante, massive, qu’on ne peut réduire à une exception « Frêche ». Puisqu’il a été possible de le faire en Languedoc, en Limousin ou en Pays de Loire, c’est qu’on pouvait le faire ailleurs…
Le plus important maintenant, ce sont les points d’appui unitaires constitués dans plusieurs régions ; réussir sur le terrain électoral, mais aussi impulser une dynamique militante et sociale, renforçant la nécessité de leur donner une suite.
  • Du côté du NPA
Le NPA est sorti de sa consultation divisé en trois positions, éclatement qui s’est retrouvé dans la pratique au sein des régions. Tiraillé entre listes unitaires et cavalier seul, ce qui domine ce sont les listes en solitaire dans les deux tiers des régions, et une expression de la direction nationale non favorable à la dynamique unitaire (absence d’Olivier Besancenot au meeting unitaire en Languedoc-Roussillon, interventions du CE mettant en cause des accords possibles). Au-delà du débat sur la participation aux « exécutifs », bien souvent dépassé en la conditionnant ou en laissant une liberté de choix – ce qui démontre à quel point il n’était pas justifié d’en faire au niveau national un ultimatum indépassable –, bien d’autres questions venant du NPA ont surgi comme autant d’obstacles à des accords. Souvent des politiques qui ne cherchent pas à réaliser véritablement l’unité mais uniquement des propositions formelles dans le but de faire une démonstration visant à justifier à la fin une présentation en solitaire. Parfois des NPA refusent un accord car ne voulant pas accepter le principe de la fusion démocratique au second tour, alors que ce point était acquis dans les discussions nationales par le NPA qui y participait au début. Le NPA se dit « non-institutionnel » mais il réclame beaucoup de « têtes de listes ». Des accords possibles ont été empêchés par une conception de l’unité comme un rassemblement « autour de lui » ou autour de « son » programme, sans vouloir trouver les points d’appui nécessaires à une dynamique. Dans une majorité de régions, il va seul, ou avec quelques Objecteurs de croissance, sans discuter vraiment des possibilités d’accord. Son discours politique se déporte vers la critique des listes les plus proches et le bilan des élu-e-s sortant-e-s plutôt que de rajouter ses forces et ses propositions à la maturation d’une alternative de gauche face au Sarkozisme et aux dérives du PS. Et une interrogation demeure et s’amplifie encore : le NPA, un parti levier vers une force nouvelle, pluraliste et anticapitaliste ou un repli vers une auto affirmation contre toutes les forces de la gauche de transformation sociale qui ne sont pas « révolutionnaires » ? Il restera la perception, dans l’opinion militante et l’électorat, à une échelle plus large encore qu’aux Européennes, qu’il porte une lourde responsabilité dans la division.
  • Du côté du Front de Gauche
Le PCF a choisi de faire des listes indépendantes du PS, mais il est apparu tiraillé entre l’aspiration unitaire de ses militant-e-s et des choix politiques non-faits. Des divisions importantes apparaissent : 5 régions où il va avec le PS, d’autres où des élu-e-s PCF vont avec le PS, des départs vers Europe Ecologie, des dissidences de plusieurs départements qui refusent des choix régionaux. Des directions régionales, favorables à l’alliance au premier tour avec le PS, battues par le vote des militant-e-s, mais qui cherchent ensuite, lors des négociations, à restreindre l’ampleur du rassemblement à gauche du PS. Les mêmes qui hésitent à appliquer le principe d’une fusion « à l’exclusion du Modem » qui remettrait en cause dans le concret la réélection de leurs élu-e-s sortant-e-s. La crainte d’une dynamique qui le bousculerait l’a amené à fermer la porte à plusieurs accords avec le NPA, unitaire ou non, ou à fermer les listes aux forces non-conventionnelles hors Front de Gauche. Une tendance à se refermer sur un « Front de gauche » à peine élargi s’est fait sentir dans plusieurs régions comme une construction autour du PCF. Les choix du PCF fait dans son dernier congrès enferment en fait une contradiction : choisir une politique de « Fronts » mais ne pas envisager un dépassement de lui-même ou autre chose que de construire le PCF ou « autour » du PCF. Mais cette expérience, région par région, va laisser des traces et relancer un fort débat au PCF.
Globalement, avec des exceptions locales, le Parti de gauche (PG) a voulu maintenir son engagement dans le Front de Gauche tout en cherchant à faciliter des accords plus larges jusqu’au NPA quand celui-ci n’y était pas opposé. Il a dû secouer le Front de Gauche face aux pressions hégémoniques du PCF, a voulu jouer un rôle de facilitateur avec les forces non-Front de Gauche, sans échapper aux logiques de négociations et de rapports de force entre appareils politiques. Comme aux autres forces, lui est posée la question du rassemblement de toute la gauche de transformation sociale. L’outil nécessaire pour faire avancer cette perspective est-il un PG se renforçant lui-même, le Front de gauche tel qu’il est par défaut ou est le PG est-il conçu pour se dépasser avec d’autres forces et comment ?
Enfin, la politique de la Gauche unitaire (GU) interroge. En acceptant aux Régionales la même logique que celle qui fut celle du « Front de Gauche » aux Européennes, (trois partenaires se partageant au niveau national leur influence réciproque) qui lui donne une place surdimensionnée par rapport à ses forces réelles, elle n’est pas apparue, dans la majorité des cas, aux unitaires de toute obédience, comme un facteur facilitant l’ouverture du rassemblement. Quel est son projet dans la recomposition de la gauche de gauche ?

On doit noter aussi les fortes tendances hégémoniques propres aux partis, quels qu’ils soient, qui rejettent en marge ou en dehors des listes et dans la conception de la campagne les forces issues du mouvement social (dans la FASE ou le FSQP par exemple) qui ne trouvent pas leur place dans des logiques de cartel politique. C’est notable dans plusieurs régions pour les listes « Ensemble » d’où ont été écartées des forces militantes disponibles hors des partis signataires de l’accord national. C’est encore plus le cas des listes NPA seul qui ne peuvent offrir un cadre acceptable. Le rôle constructif et les propositions positives des forces de la Fédération (Fase) notamment ou des unitaires du NPA au cours des différentes discussions unitaires, qui auraient pu permettre d’enrichir les programmes, de créer des dynamiques innovantes et y compris de dépasser certains obstacles à l’unité, n’ont pas été pris en compte. Pourtant, toute perspective de rassemblement unitaire réussi suppose une articulation avec le mouvement social, y compris pour que soient instaurés les liens permanents entre les élus et les mouvements qui les portent. Or, le lien entre mouvement social et rassemblement unitaire est encore un problème à ce stade dans les regroupements qui se construisent aujourd’hui.

Eléments de perspectives
Quels qu’aient été les résultats des discussions unitaires, au final, cet épisode a permis une « radiographie » de chaque force politique, dans chaque région, département, localité. On a assisté à une sorte de « désarticulation » de chaque formation, des éléments décomposition et de recomposition des organisations politiques soumise aux exigences du rassemblement auxquelles résistent leurs différents conservatismes. Une vérité des orientations s’est illustrée dans la pratique, qui ouvre possiblement la voie d’une « recomposition »/« réorganisation » des forces politiques de la gauche de gauche.
Cet épisode pourra déboucher sur un débat et une confrontation positifs, à condition qu’il ne laisse pas place à un éparpillement supplémentaire. Et le danger est réel de voir les conservatismes d’appareil qui ont freiné ou empêché une vraie dynamique unitaire nationale provoquer un découragement et une fuite vers d’autres solutions que celle de poursuivre dans la voie du rassemblement même imparfait aujourd’hui (repli autour de chaque parti existant, accentuation de leur éclatement en plusieurs petites formations, recherche d’autres cadres d’alliances, pour certain vers Région Ecologie, pour d’autres avec le PS…).
Les perspectives de débat pour une nouvelle force politique se reposent avec force, avec plus de matières et d’éléments conscients de l’enjeu qui pose la question du dépassement des forces existantes. L’hypothèse d’une formation nouvelle issue simplement du « Front de Gauche » perd de sa pertinence, y compris pour certaines de ses composantes, face aux pesanteurs et aux contradictions de l’orientation du PCF. Est reposée la question de l’après-élection, des dynamiques de rassemblement à créer.
Le plus important sera de faire perdurer les structures unitaires qui se seront créées durant cette campagne régionale. Elles peuvent être un élément décisif pour la suite. Des initiatives doivent être prises pour avancer après les élections, mais des jalons doivent être posés durant la campagne. C’est le sens de propositions envisageant une perspective de type « comité de liaison » ou de toute autre appellation. Cette proposition devrait être adressée à toutes les structures unitaires créées, à toutes les forces qui ont participé au débat pour essayer de constituer une campagne régionale dynamique unitaire, à toutes les forces du Front de Gauche comme à celles au NPA ou de la Fase. Pour agir en commun, tracer des perspectives entre toutes les forces indépendantes du PS et des politiques sociales-libérales ou écolos-libérales, envisager initiatives et débats, reposer la question d’une nouvelle force politique, et avec la participation des éléments du mouvement social qui n’ont pas trouvé place sur les listes ou les campagnes.
C’est cette perspective que devraient porter ensemble tous les courants les plus unitaires qui se sont affirmés dans tous les partis et qui ont vérifié encore une fois l’ampleur des résistances, venant du PCF et du NPA en particulier, qu’il faudra surmonter pour parvenir à une dynamique rassembleuse dans le futur proche.

Bilan provisoire et pistes pour la suite du courant « Convergences et alternative » (CetA)
Tout en maintenant le débat au sein du NPA, nous avons aussi agi, même avec nos forces modestes.
· Partout où nous le pouvions, nous avons poussé à ce que des NPA régionaux concluent des accords unitaires, et avec succès dans plusieurs d’entre elles.
· Là où le NPA partait d’emblée seul, les militant-e-s du NPA qui souhaitaient engager une démarche de discussion et de proposition en direction des listes « Ensemble » se sont regroupé-e-s, proposant y compris des candidatures si les conditions politiques étaient réunies. Comme d’autres forces, souvent dans la FASE ou le FSQP, cette démarche s’est heurtée dans plusieurs régions à une volonté du PCF de ne pas étendre l’accord au-delà du cadre national strict des organisations nationales signataires, ou ne concevant la présence de candidat-e-s issu-e-s des unitaires du NPA uniquement comme des individus non-éligibles et non dans une démarche collective. D’autres cas ont montré qu’une fermeté maintenue par les composants non-PCF pouvait faire reculer le PCF et l’obliger à accepter une alliance plus large.
· Selon les configurations régionales, là où il n’y a pas d’accord unitaire large, il y a donc des groupes de militant-e-s qui participent aux campagnes, sur leur propre base, de listes « Ensemble », ou de listes unitaires plus restreintes. D’autres militant-e-s unitaires de CetA ne soutiennent aucune campagne, d’autres font malgré tout celle du NPA seul.
· Ce qui nous unit, c’est chercher à pousser jusqu’au bout toutes les possibilités de rassemblement et d’unité d’action, et surtout reposer le débat, à cette occasion et à la lumière des leçons que nous en tirons, pour faire avancer la perspective d’une nouvelle force de transformation sociale avec tous ceux, dans tous les partis concernés, qui font cette expérience des obstacles qui ont freiné la dynamique unitaire. Il est notable que les débats en cours autour de la constitution des listes régionales provoquent une clarification sur des questions clés (alliances avec le Modem, indépendance politique d’un rassemblement qui ne peut s’accommoder d’une politique d’ aménagement du libéralisme, rapports mouvement social et présence dans les institutions, nécessité de prendre des initiatives et de définir des conditions pour avancer vers une nouvelle représentation politique à gauche).
· Ce que nous nous ne voulions pas, c’était créer une nouvelle micro-organisation, rajoutant à la dispersion, dépendante d’autres appareils politiques. Nous ne voulions pas non plus attendre patiemment le grand soir du débat interne au NPA, alors que se jouent bien des débats et des possibilités de recomposition politiques dans ces régionales au cœur même de la campagne électorale.
· L’objectif que nous réaffirmons, c’est la nécessité d’agir vers une nouvelle force politique en pesant pour entraîner le NPA et les secteurs de la gauche radicale dans cette voie.
· Nous voulons continuer à organiser tous les militant-e-s qui partagent ces objectifs, qu’ils restent ou non dans le NPA. Nous proposons aux militant-e-s du NPA qui ne se retrouvent plus dans ses orientations de maintenir avec nous un cadre de débat et d’action, un bulletin public pour l’exprimer, un regroupement pour mener le débat aussi bien dans le NPA qu’à l’extérieur.

Dans ce sens nous envisageons la possibilité d’organiser des forums débats ouverts de « Convergences et alternative » où nous invitons à débattre avec nous des forces unitaires avec qui nous avons eu l’occasion de travailler dans ces campagnes régionales. Dans plusieurs départements ou localités, des groupes de « Convergences et alternative » l’ont déjà initié. Les démarches unitaires qui ont eu lieu, qu’elles aient abouti ou non, ont créé des liens et une conscience collective qui seront utiles, au-delà des préoccupations électorales, dans les luttes et pour prendre des initiatives de débat. Il s’agit de prendre date, de relancer des campagnes unitaires sur différents terrains, pour donner corps à un front politique et social. Mais aussi de débattre des projets d’une transformation sociale liée aux mouvements sociaux tels que le portent les unitaires du NPA. Ces débats seront un de nos objectifs à l’issue des élections, mais cela se prépare aussi pendant la campagne électorale. Et quand ce sont des comités ou des structures du NPA qui pourront prendre ce type d’initiatives et pas seulement notre courant, ce sera évidemment encore mieux.

Pour mémoire, un rappel de ce que nous avons adopté en décembre concernant nos propositions pour le débat

« · L’objectif que nous défendons reste la construction d’une alternative politique qui change le rapport de force à gauche et renverse la domination du social-libéralisme, et soit capable de battre la droite. Cela passe par un front des forces qui participent à des coalitions dans les mobilisations sociales ou les élections, puis posent la question de la force politique à créer. La campagne des régionales doit être l’occasion d’appeler, au sein des collectifs de campagne, à la formation d’un bloc permanent après les élections. Il s’agira de peser sur le processus en cours et d’engager, dans le même temps, cette discussion avec les autres organisations. Une campagne réussie devrait servir de tremplin pour créer ce cadre permanent.
· Aucune alternative politique ne peut s’envisager sans dynamique pluraliste pour la porter, et sans se situer dans une visée explicite de société alternative, d’actions politiques en rupture avec le capitalisme, sur une transformation sociale allant au delà de la seule défense des acquis sociaux ou des échéances électorales. Cette question s’adresse à toutes les forces qui vont du NPA au PCF, jusqu’aux secteurs du PS qui refusent sa transformation en parti démocrate cherchant des alliances vers la droite. Elle rencontre des résistances dans la direction du PCF, qui oscille entre une perspective de type Die Linke comme en Allemagne et une construction autour de lui refusant d’envisager son propre dépassement. Elle provoque un débat qui partage la gauche « radicale » autour du NPA, une composante pourtant incontournable si l’on envisage un rassemblement d’une gauche de gauche en France. Elle entraîne des ruptures récentes au sein des partis existants donnant naissance à de nouvelles formations: le Parti de gauche (PG), la Gauche unitaire (GU), des comités militants divers, l’Association des communistes unitaires, qui se retrouvent avec les Alternatifs et d’autres dans la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), des courants écologistes de gauche… Si des avancées réelles en termes de construction véritablement unitaires ne sont pas faites, l’éparpillement menace de l’emporter. Cette recomposition passera par des étapes, et à l’issue de l’expérience de la campagne des régionales, une nouvelle situation sera à considérer.
· Le bilan des Européennes, celui des expériences qui seront menées aux régionales, mais aussi l’éclairage qu’apportent les rassemblements des gauches anticapitalistes en Europe, seront au cœur du débat du futur congrès du NPA : refonder le projet initial d’une nouvelle force anticapitaliste pluraliste ou se refermer sur un projet limité aux forces de l’extrême gauche. C’est à ce moment que sera remise en jeu la perspective du NPA et le choix décisif devra être fait. Il dira si le NPA reprendra une marche en avant vers un pluralisme indispensable, et si un courant comme le notre y a sa place, avec d’autres. S’il veut refonder une perspective de rassemblement d’une force nouvelle, le NPA devrait entrer en discussion avec tous ceux qui posent une même question : comment former une coalition ou un front politique unitaire permanent, en apprenant des expériences qui se déroulent en Europe (Bloc de gauche au Portugal, Alliance Rouge et verte au Danemark, Syriza en Grèce ou Die Linke en Allemagne…) ?
· Le courant défendra ses propositions politiques dans les débats avec les autres forces, notamment avec les différentes formations apparues cette dernière année (le Parti de Gauche, la Gauche unitaire, la Fédération et ses composantes,…). Il participera aux débats de la Fédération, qui n’est pas un parti mais où sont présents des courants d’autres partis, des formations politiques ou des collectifs. Les militant-e-s du courant qui participent à divers groupes ou collectifs locaux regroupant des militants d’origines différentes y défendront ces idées sur la nécessaire recomposition à gauche de la gauche. Elles et ils participeront aux luttes et à l’élaboration programmatique avec l’ensemble du mouvement social et syndical. »