mardi 9 mars 2010

Régionales 2010 : le test pour la gauche de gauche

Le Sarkozysme est en difficulté et c’est bon à prendre. Ses interventions aux mille promesses ne font plus beaucoup illusion. Les annonces de fin de crise laissent d’autant plus sceptique que le chômage ne cesse de croître et que la misère gagne des couches de plus en plus importantes de la population. Le rejet de cette politique outrageusement de classe est de plus en plus perceptible ; il s’appuie sur la compréhension que le pouvoir voudra faire payer la crise aux secteurs populaires, et surtout pas à ceux qui en sont responsables. Les décideurs de tous poils perdent de leur légitimité, les patrons les premiers, et cela se traduit par des formes de résistance sociale radicales et par la recherche d’alternatives dans l’action.
Dans de nombreux secteurs du salariat et de la population, des questions essentielles sont toujours présentes : qui doit payer cette crise et comment y faire face ? quelles mesures prendre pour éviter les catastrophes économiques ? comment contrôler l’économie, les banques, le crédit et les décideurs économiques ? quel changement promouvoir et espérer ? Autant de questions qui devraient permettre à la gauche anticapitaliste, prise au sens large, d’apporter explications et propositions. Encore faut-il qu'elle le fasse de manière cohérente et unie pour espérer être audible.
Dans un tel contexte, les élections régionales représentent une opportunité pour exprimer ce rejet. L’enjeu étant évidemment de lui donner du contenu et du sens politique. La droite a bien compris tout cela et, voyant qu’elle peut subir un échec cuisant, tente de vider de toute substance ce moment de débat politique en pratiquant toutes les formes de diversion possibles. Mais, même battue, il n’y a pas d’illusion à avoir : elle veut mettre en place un plan d’austérité après ces élections. Elle saura s’appuyer sur les sacrifices imposés aux Grecs aujourd’hui, aux Espagnols demain, pour tenter de faire passer les mêmes politiques antisociales.
L’unité sociale et politique de la gauche de gauche reste donc toujours aussi cruciale et est bien perçue comme telle par tous celles et ceux qui veulent construire la riposte à ces politiques. Et tout laisse à penser aujourd’hui que cette volonté unitaire sera largement majoritaire dans l’autre gauche. Ce message, nous souhaitons ardemment qu’il soit entendu par le NPA qui, dans de trop nombreuses régions, a choisi une politique d’isolement. Une orientation a été expérimentée ; si elle s’avère être un échec, alors une autre politique, répondant à la nécessité de créer un front politique et social permanent deviendra impérieuse.
L’unité de l’autre gauche n’a certes pas été assez loin. Des sectarismes, des comportements d’appareil ont trop souvent été un frein, mais là où l’unité est présente et en particulier là où elle a été complète, du Front de gauche au NPA, des dynamiques évidentes se sont créées, montrant indéniablement la voie à suivre. Un bloc de gauche large, ouvert à toute la gauche de gauche, ouvert aux représentants et acteurs du mouvement social, s’appuyant sur des collectifs locaux dynamiques, est indispensable pour préparer toutes les échéances à venir. Toutes les initiatives allant dans ce sens seront bonnes à prendre. Nous ne manquerons pas d’y apporter notre contribution.

Yann Cochin