Communiqué du Front de gauche, 30 octobre 2013
Les mobilisations sociales qui se
développent en Bretagne sont révélatrices de la crise touchant notre
pays et plus particulièrement de la dégradation considérable de la
situation économique et sociale dans la région : 6000 emplois salariés
en moins rien que pour l’année 2012 et 19 000 dans le secteur marchand
depuis 2008. Voilà le résultat de la crise du capitalisme néolibéral,
aggravée par les politiques d’austérité voulues par le gouvernement et
les institutions européennes, et d’un modèle économique productiviste
refusant de prendre en compte les impératifs écologiques.
L’agriculture et les industries
agroalimentaires bretonnes, notamment la filière porcine et avicole, se
sont, en général, développées sur la base de production de masse de
produits peu valorisés destinés en partie à l’exportation. Cette
production est aujourd’hui fortement concurrencée par les pays émergents
ou par des pays de l’Union européenne qui, comme l’Allemagne ou le
Danemark, pratiquent un dumping social éhonté en employant massivement
des salarié-e-s d’Europe centrale et orientale sous-payé-e-s en
utilisant les failles de la directive européenne sur le détachement des
travailleur-euse-s.
Dans ce cadre, l’écotaxe votée sous la
droite et mise en œuvre par le gouvernement Ayrault est un prétexte que
saisissent le Medef, les tenants de l’agro-business et les patrons de la
grande distribution pour détourner l’attention des véritables
responsabilités de cette crise. Mais au-delà, si cette fronde rencontre
l’adhésion de nombre de catégories sociales excédées de voir leur
pouvoir d’achat diminué et les services publics décimés, c’est que cette
taxe est symbolique de l’injustice fiscale actuelle : censée vouloir
réduire le trafic routier, elle ne s’appliquera pas sur les autoroutes à
péage, là où passe l’essentiel du trafic de camions. Seules seront
touchées les routes nationales et les routes départementales. Ainsi
seront pénalisées les producteurs locaux, alors que gros du trafic
européen qui utilise les autoroutes ne sera pas touché. Cette taxe n’a
donc d’écologiste que le nom !
Le gouvernement vient de décider de la
suspendre sur tout le territoire. La décision de suspendre cette taxe
sur tout le territoire confirme que le bricolage devient la marque de
fabrique de ce gouvernement. Il s’agit d’un nouveau recul devant la
pression patronale. La question d’une fiscalité basée sur le principe du
« pollueur-payeur » reste posée.
Pour le Front de gauche, le modèle de
l’agroalimentaire productiviste n’est pas soutenable économiquement,
socialement et écologiquement. Il faut donc en changer et c’est le rôle
des pouvoirs publics, Etat et collectivités locales, d’aider à cette
transition, notamment en investissant massivement dans le ferroutage.
Dans l’immédiat, le Front de Gauche
exige un moratoire sur tous les plans de licenciements ; il se prononce
pour une loi accordant un droit de veto sur les licenciements et un
droit de regard des salarié-e-s sur l’utilisation des fonds publics. Il
s’agit de protéger les salarié-e-s victimes de plans sociaux en mettant
en place une sécurité sociale professionnelle qui garantisse la
continuité de la rémunération et de la protection sociale des
salarié-e-s.
Il faut ensuite mettre en œuvre un plan
de reconversion de l’industrie agroalimentaire bretonne basé sur un
élevage et une agriculture moins intensifs pour des produits de
meilleure qualité, la relocalisation de la transformation, la fin de la
concentration des outils de travail et une juste rémunération du travail
salarié et paysan. Ce plan de reconversion doit pouvoir bénéficier des
aides des pouvoirs publics, ce qui suppose que l’impératif de
restriction budgétaire soit mis de côté. Il doit être discuté avec tous
les acteurs concernés. Le Medef et la Fnsea portent une responsabilité
écrasante dans la situation actuelle. Ils ne peuvent être les seuls
interlocuteurs des pouvoirs publics.
Enfin, il faut en finir avec le dumping
social en Europe, mais aussi en France. Ainsi, il n’est pas acceptable,
par exemple, que l’entreprise bretonne Gad, qui va licencier près de 900
salarié-e-s, fasse travailler dans des conditions indignes des
intérimaires roumains sous payés. Il est de la responsabilité du
gouvernement français que la question du dumping social au niveau
européen soit posée et de faire en sorte que les pratiques illégales en
la matière des entreprises françaises cessent.
Le Front de gauche sera présent à la
grande manifestation pour l’emploi en Finistère le samedi 2 novembre, à Carhaix appelée à l’initiative du Collectif pour le maintien de l’emploi.
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