Moulzo,
Convergences et alternative, n° 11,
juillet 2012, p. 11.
Le
Front de gauche « Afrique » n’a pas tardé à agir pour un changement de la politique
de la France avec l’Afrique. Les premiers pas du gouvernement Ayrault n’augurent
pas d’une franche rupture avec les politiques passées.
Constitué pendant la campagne présidentielle et réunissant toutes les forces politiques composant le Front de gauche, le Front de gauche « Afrique » a élaboré un document intitulé « Pour une nouvelle politique entre la France et l’Afrique », qui sert désormais de base à ses actions aux cotés des associations de solidarité et des oppositions africaines. Il s’engage dans plusieurs campagnes immédiates, pour illustrer ce que doit faire une gauche qui voudrait rompre avec les pratiques passées:
-
soutien aux oppositions démocratiques et refus de cautionner les régimes
non-démocratiques ;
-
exigences que tous les accords de coopération et accords militaires soient
remis à plat et sous contrôle du Parlement français ainsi que des parlements
des pays africains concernés;
-
contrôle public de l’activité des multinationales françaises et publication de
tous les contrats entre elles et les Etats d’où sont extraites les richesses minières,
pétrolières, agricoles.
Les
premières actions sont engagées.
Le
Front de Gauche avec l’opposition gabonaise
Le
5 juillet François Hollande a fait le choix délibéré en ce début d’investiture
de recevoir à l’Elysée le Président gabonais Ali Bongo Ondimba, à l’encontre de
sa promesse électorale de ne rencontrer aucun dictateur. Dans une conférence de
presse commune avec le Front de gauche, une délégation de la société civile
gabonaise et du mouvement « Ca suffit comme ça » a condamné cette rencontre qui
n’a pour objectif que la défense des intérêts économiques et stratégiques
français. Pendant que le peuple gabonais subit une politique répressive,
clanique et d’enrichissement personnel, un symbole de la Françafrique», dont le
clan a été condamné dans le scandale des « biens mal acquis », est reçu à l’Elysée.
Interpellation sur les pratiques d’Areva
au Niger.
Les
questions sur les conséquences sanitaires, écologiques et sociales des
pratiques de l’entreprise Areva dans l’exploitation des mines d’uranium, au
Niger, au Gabon, ont été soulevées dans une lettre du Front de gauche au
premier ministre, le 7 juin.
« Les conséquences des quarante années d’exploitation
minière de la Cogema puis d’Areva au Niger sont désastreuses : spoliation des
terres agropastorales autour des sites miniers, destruction de la faune et de
la flore, contamination de l’air par des poussières et des gaz radioactifs,
contamination radiologique des ressources en eau. Le silence règne concernant l’impact
sanitaire de l’exploitation sur les populations et les travailleurs des mines :
l’accès aux soins est assuré par Areva sans garantie d’objectivité des
diagnostics réalisés. Enfin les conditions de travail sur le chantier de la
mine géante d’Imouraren ne sont pas respectueuses du droit du travail nigérien.
L’activité minière suscite aussi la frustration des populations locales quant
au partage des bénéfices liés à l’exploitation de l’uranium ce qui renforce le
climat d’insécurité au Niger. (...) Le Front de Gauche demande à ce que le gouvernement
français exige d’Areva, entreprise à capitaux publics :
- le respect de la Déclaration des Nations
Unies sur les droits des peuples autochtones, en
associant étroitement les populations locales aux décisions liées à l’utilisation des terres et à la gestion des ressources en eau ;
associant étroitement les populations locales aux décisions liées à l’utilisation des terres et à la gestion des ressources en eau ;
- la constitution d’un fonds afin de
financer la collecte des objets et ferrailles contaminés, la dépollution des
sites en exploitation, leur remise en état après exploitation ;
- le respect de la réglementation
française quant aux conditions d’exploitation respectueuse de
l’environnement et de la santé des travailleurs et des populations locales avec en particulier des centres médicaux indépendants et un suivi médical sur le long terme.
l’environnement et de la santé des travailleurs et des populations locales avec en particulier des centres médicaux indépendants et un suivi médical sur le long terme.
La transparence des pratiques des
grandes entreprises françaises en Afrique [passe par l’exigence] de publier les
contrats des industries extractives et des industries d’exploitation des
ressources naturelles de façon à permettre aux peuples de connaître et donc de
pouvoir maîtriser l’utilisation de leurs ressources (…). En finir avec la «
Françafrique » selon la volonté du Président de la République, ne doit pas être
qu’un slogan généraliste, c’est une politique constante qui doit commencer
concrètement par la rectification des dérives (...). »
Avec les associations et collectifs en France et les sociétés civiles
africaines, le Front de gauche agira et défendra une autre politique vis-à-vis
de l’Afrique.
***
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