mardi 24 juillet 2012

Areva au Niger, démocratie au Gabon...Le Front de gauche « Afrique » interpelle le gouvernement

Moulzo, Convergences et alternative, n° 11, juillet 2012, p. 11.

Le Front de gauche « Afrique » n’a pas tardé à agir pour un changement de la politique de la France avec l’Afrique. Les premiers pas du gouvernement Ayrault n’augurent pas d’une franche rupture avec les politiques passées.

Constitué pendant la campagne présidentielle et réunissant toutes les forces politiques composant le Front de gauche, le Front de gauche
« Afrique » a élaboré un document intitulé « Pour une nouvelle politique entre la France et l’Afrique », qui sert désormais de base à ses actions aux cotés des associations de solidarité et des oppositions africaines. Il s’engage dans plusieurs campagnes immédiates, pour illustrer ce que doit faire une gauche qui voudrait rompre avec les pratiques passées: 
- soutien aux oppositions démocratiques et refus de cautionner les régimes non-démocratiques ;
- exigences que tous les accords de coopération et accords militaires soient remis à plat et sous contrôle du Parlement français ainsi que des parlements des pays africains concernés;
- contrôle public de l’activité des multinationales françaises et publication de tous les contrats entre elles et les Etats d’où sont extraites les richesses minières, pétrolières, agricoles.
Les premières actions sont engagées.
 
Le Front de Gauche avec l’opposition gabonaise
Le 5 juillet François Hollande a fait le choix délibéré en ce début d’investiture de recevoir à l’Elysée le Président gabonais Ali Bongo Ondimba, à l’encontre de sa promesse électorale de ne rencontrer aucun dictateur. Dans une conférence de presse commune avec le Front de gauche, une délégation de la société civile gabonaise et du mouvement « Ca suffit comme ça » a condamné cette rencontre qui n’a pour objectif que la défense des intérêts économiques et stratégiques français. Pendant que le peuple gabonais subit une politique répressive, clanique et d’enrichissement personnel, un symbole de la Françafrique», dont le clan a été condamné dans le scandale des « biens mal acquis », est reçu à l’Elysée.
 
Interpellation sur les pratiques d’Areva au Niger.
Les questions sur les conséquences sanitaires, écologiques et sociales des pratiques de l’entreprise Areva dans l’exploitation des mines d’uranium, au Niger, au Gabon, ont été soulevées dans une lettre du Front de gauche au premier ministre, le 7 juin.

« Les conséquences des quarante années d’exploitation minière de la Cogema puis d’Areva au Niger sont désastreuses : spoliation des terres agropastorales autour des sites miniers, destruction de la faune et de la flore, contamination de l’air par des poussières et des gaz radioactifs, contamination radiologique des ressources en eau. Le silence règne concernant l’impact sanitaire de l’exploitation sur les populations et les travailleurs des mines : l’accès aux soins est assuré par Areva sans garantie d’objectivité des diagnostics réalisés. Enfin les conditions de travail sur le chantier de la mine géante d’Imouraren ne sont pas respectueuses du droit du travail nigérien. L’activité minière suscite aussi la frustration des populations locales quant au partage des bénéfices liés à l’exploitation de l’uranium ce qui renforce le climat d’insécurité au Niger. (...) Le Front de Gauche demande à ce que le gouvernement français exige d’Areva, entreprise à capitaux publics :
- le respect de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en
associant étroitement les populations locales aux décisions liées à l’utilisation des terres et à la gestion des ressources en eau ;
- la constitution d’un fonds afin de financer la collecte des objets et ferrailles contaminés, la dépollution des sites en exploitation, leur remise en état après exploitation ;
- le respect de la réglementation française quant aux conditions d’exploitation respectueuse de
l’environnement et de la santé des travailleurs et des populations locales avec en particulier des centres médicaux indépendants et un suivi médical sur le long terme.
La transparence des pratiques des grandes entreprises françaises en Afrique [passe par l’exigence] de publier les contrats des industries extractives et des industries d’exploitation des ressources naturelles de façon à permettre aux peuples de connaître et donc de pouvoir maîtriser l’utilisation de leurs ressources (…). En finir avec la « Françafrique » selon la volonté du Président de la République, ne doit pas être qu’un slogan généraliste, c’est une politique constante qui doit commencer concrètement par la rectification des dérives (...). »

Avec les associations et collectifs en France et les sociétés civiles africaines, le Front de gauche agira et défendra une autre politique vis-à-vis de l’Afrique. 
 
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Pour plus d’ info sur les actualités africaines : http://www.afriquesenlutte.org/

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