jeudi 2 février 2012

Pour battre durablement le droite et l'extrême-droite, amplifions la dynamique du Front de gauche

Nabil Yahiaoui, Convergences et alternative Chambéry, 1er février 2012

Meeting du Front de gauche à Nantes (14 janvier 2012). Par Stéphane Burlot.

Il reste moins de trois mois avant le premier tour de l’élection présidentielle qui pourrait marquer une défaite de Sarkozy et de la droite pour la première fois depuis 1995.
Lors de son intervention télévisée dimanche 29 janvier dernier Nicolas Sarkozy a défendu les intérêts du grand patronat. L’annonce  de la TVA « sociale » est un cadeau de 13 milliards à son électorat de base, les entrepreneurs. Avec l’augmentation de la TVA, impôt extrêmement injuste, c’est une nouvelle exonération d’impôts et de cotisations sociales (0,8% de PIB,) dont bénéficient les grandes entreprises au nom de la sacrosainte compétitivité française. La volonté d’entrainer les syndicats dans des négociations « emploi-compétitivité » trace l’orientation économique de Sarkozy. Cette compétitivité tant encensée se décline par l’accentuation de la pression sur les salarié-e-s avec le recours au chantage des délocalisations pour maintenir les taux de profits. Elle ne fait qu’accroitre la concurrence entre les travailleur-euse-s à l’échelle du globe et renforce les dramatiques replis nationalistes et racistes au nom du mythe de la préférence nationale.
Sarkozy a  gagné 2007 avec un projet idéologique et politique clair et compréhensible (contrairement à celui du PS) : « Travailler plus pour gagner plus ». Nombre de celles et ceux qui ont voté pour lui en croyant à cette fumisterie ne peuvent aujourd’hui qu’en tirer un amère bilan. En 2012 c’est autour de slogan comme « Produire plus, dépenser moins »,  qu’il semble vouloir décliner sa campagne. Il faut bien lire, sous la formule cosmétique « Produire plus » = augmenter le temps de travail (en finir avec les 35 h) et la compétitivité, négociations d’entreprises et non plus de branches, etc. Autrement dit, ce sont des cadeaux faits au patronat en mettant une pression supplémentaire sur les salarié-e-s. On se souvient par exemple des salarié-e-s de Continentale qui, sous le chantage, sont passés aux 40 heures avant de voir leur boite fermée…« Dépenser moins » = plans de rigueur, coupes des aides sociales et dépècement  de ce qui reste de services publics avec l’éducation en ligne de mire.
La campagne « Sarkozy 2012 » serait ainsi axée sur la compétitivité et la différenciation des travailleurs bénéficiant d’un emploi et les autres, exaltant la concurrence et le « mérite »… Les digues avec le FN étant levées, une campagne comme celle de 2002 centrée sur les questions sécuritaires et d’immigration serait risquée pour lui et semble peu crédible grâce au travail consciencieux de Guéant assurant le profil nationaliste. Les déclarations récentes de Xavier Bertrand voulant publier dans la presse le nom des fraudeurs aux allocations familiales ou encore Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur, souhaitant favoriser l’accès au logement social prioritairement aux travailleur-euse-s bénéficiant d’un emploi aux détriments des chômeurs, divisent une fois de plus les salarié-e-s et les chômeur-euse-s, les « actifs » et  les« inactifs », les « méritant-e-s » et les « assisté-e-s ».
Marine le Pen,  adoubée et totalement normalisée par les médias, continue quant à elle, son opération de transformation du FN en parti de gouvernement. Des années de racisme et d’islamophobie amplifiées par le 11 septembre 2011 et combinées aux  ravages produits par la crise de 2008 et l’accumulation des « affaires » du Sarkozysme (Bettencourt, Karachi, etc.) créent les conditions pour  ancrer durablement le FN dans e paysage politique.
François Bayrou, perché sur son score de 2007, monté artificiellement par les médias et son « produire français », risque de perdre son audience lors de l’intensification de la campagne tant son programme économique et social se différencie peu du programme de centre-gauche d’un François Hollande qui, tout comme ses défunts homologues Papandréou, Zapatero, et Socrates, accepte la logique de l’austérité et de faire payer, au final,  la crise aux plus pauvres. C’est pourquoi il est urgent qu’un débat s’ouvre entre celles et ceux qui se revendiquent de gauche si on considère que l’intérêt du peuple est prioritaire sur les intérêts des puissances de l’argent. Face à la crise, le clivage à gauche repose sur la question de qui doit en payer la facture, avec comme perspective la rupture ou non avec un système capitaliste et productiviste qui ne vit qu’à travers des crises successives et l’exploitation de la majorité de la population mondiale et de la planète.
Aujourd’hui, à gauche, c’est le Front de Gauche qui porte les réponses nécessaires et tant attendues au service du peuple.
Depuis de nombreuses années, tout augmente (logement, produits alimentaires,…) sauf les salaires. C’est pour cela qu’il faut imposer un rattrapage salarial avec l’instauration du Smic à 1700 euros. Avec 5 millions de chômeur-euse-s et des millions de travailleur-euse-s précarisé-e-s par le temps partiel et des salaires de misère, il faut travailler moins (35, voire même 32h) pour travailler tou-te-s.
Face au chantage des délocalisations comme l’illustre le cas de Lejaby, il existe un certain nombre de solutions : augmenter les pouvoirs des salarié-e-s et de leurs représentant-e-s dans l’entreprise avec par exemple l’instauration d’un droit de veto sur les licenciement et les délocalisation ; engager la relocalisation industrielle et instaurer, en France et en Europe, des visas sociaux et écologiques pour lutter contre le dumping social et environnemental ; défendre la mise en place d’un salaire minimum européen...Un gouvernement de gauche digne de  ce nom qui voudrait en finir avec trois victoires de la droite (1995, 2002 et 2007), devrait également annoncer l’abrogation immédiate de toutes les mesures antisociales et antidémocratiques prises par la droite.
Pour faire vivre ces mesures d’urgence, il faut amplifier la dynamique du Front de gauche. L’affluence aux meetings de campagne et notamment à ceux avec Jean-Luc Mélenchon (3000 à Metz, 4500 à Besançon, 6000  Nantes…) est un signal prometteur du mouvement de masse ce qu’il est possible, et nécessaire, de construire. Seule la mobilisation populaire et l’engagement citoyen permettront non seulement de battre Sarkozy, la droite et l’extrême-droite, mais aussi de faire en sorte que le gouvernement de gauche qui parviendra au pouvoir mène une véritable politique de changement. 
Pour en finir avec la précarité et les discriminations, pour engager la planification écologique et rompre une fois pour toute avec l’avidité capitaliste qui ravage notre planète, avec le Front de gauche, prenez le pouvoir !

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