Gilles Alfonsi, Cerises, n° 118, vendredi 7 octobre, p. 1.
Présenté par ses auteurs devant 600 personnes, le 29 septembre, le nouveau Scénario Négawatt (1) constitue un effort remarquable, non dogmatique, pour formuler les termes d’une révolution de la politique énergétique.
Négawatt 2011 revendique d’être à la fois ambitieux, soutenable et réaliste. Si l’optimisme de ce nouveau scénario peut continuer d’être interrogé, il a le mérite d’aller au fond du débat, d’avoir été réévalué par rapport aux précédents scénarios et de travailler sur des pistes innovantes.
A la différence d’autres scénarios énergétiques, il s’agit ici de rompre avec le modèle actuel centré sur les énergies fossiles et l’énergie nucléaire, en combinant dès à présent et sur la longue durée trois éléments : les effets d’une sobriété énergétique, les gains en termes d’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. [...]
La sobriété énergétique consiste à la fois à revisiter la notion et l’évaluation des besoins, à agir sur les comportements individuels et l’organisation collective pour privilégier les usages d’énergie les plus utiles, restreindre ceux qui sont superflus et supprimer les plus nuisibles.
La recherche d’efficacité énergétique consiste à effectuer des choix techniques et économiques, de l’utilisation à la production, sur la quantité d’énergie nécessaire pour produire un service.
Enfin, le développement des différentes énergies renouvelables doit permettre de répondre aux besoins par des énergies moins polluantes et plus soutenables (biomasse, éolien, biogaz, photovoltaïque, géothermie…). Le scénario intègre un « abandon progressif et raisonné » du nucléaire d’ici à 2033 (et non d’ici 5 ou 10 ans).
Deux enjeux restent à creuser. D’abord, celui de l’internationalisation d’un tel travail.
Si la France devrait sans attendre s’engager activement dans un choix politique de transition énergétique, l’enjeu d’une transformation du mode de production et de consommation énergétique est planétaire. De cette mobilisation internationale dépend notamment l’impact vital sur le réchauffement climatique.
Ensuite, le lien reste à faire entre cette proposition issue de la société civile sur une question essentielle – l’avenir énergétique d’un pays - et les enjeux de dépassement du capitalisme et de formulation d’une proposition émancipatrice. Sur ce point, le travail publié par les Communistes unitaires (2), qui rencontre largement les propositions du scénario Négawatt 2011, énonce des pistes.
Enfin, une question : comment ce scénario peut-il devenir un bien commun des citoyens, à l’occasion des échéances électorales de 2012 et au-delà ?
(1) La synthèse de ce scénario est disponible ici : http://www.cerisesenligne.fr/article/?id=3289. [Ndlr: pour en savoir plus, voir également le site de l'association négaWatt: http://www.negawatt.org/association.html]
(2) “La cause écologique, la cause humaine, ensemble !”, Altercommunistes, septembre 2011,
disponible ici : http://www.communistesunitaires.net/images/pdf/altercommunistes2.pdf
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