Cher-e-s ami-e-s et camarades,
Vous trouverez ci-dessous un certain nombre d’informations du courant Convergences et alternative concernant le congrès du NPA qui vient de se terminer. Nous enverrons dans la semaine une lettre d’information interne plus complète avec un bilan plus développé. En attendant, voici les faits les plus notables. [...]
- Le congrès s’est terminé comme il avait commencé, sans majorité politique. Il n’a même pas été possible de réunir de majorité sur un appel commun du NPA à l'issue de son congrès. Trois projets de déclaration ont été soumis au vote par les trois principales positions et ont été minoritaires, celui de la position 1 obtenant 136 voix, celui de la position 2 obtenant 112 voix, celui de la position 3 obtenant 94 voix. Malgré nos efforts répétés pour arriver à dégager une majorité qui exprime clairement la volonté du NPA d’entamer une démarche unitaire (en commençant par ne serait-ce que nommer précisément les forces de la gauche antilibérale et anticapitaliste dont le Front de gauche), les camarades de la position 1 ont choisi une nouvelle fois de préserver leurs équilibres internes, réitérant à plusieurs reprises un refus net et catégorique d’entamer des discussions unitaires avec quelque force que ce soit ; tandis que les camarades de la position 2 s’opposaient à l’idée même que l’appel du congrès donne une indication politique en direction des autres forces de la gauche de gauche. Vous trouverez, ci-dessous, le projet de déclaration de la position 3.
- Plus globalement, l’ensemble des débats ont montré une grande fragilité et un grand désarroi, indépendamment d’ailleurs des positions des un-e-s et des autres, parmi les militant-e-s présent-e-s, confirmant la persistance et même l’aggravation d’une crise d’orientation et de sens du NPA.
- C’est dans ce contexte que 7 camarades, membres de la direction sortante (CPN et CE) et également membre du courant Convergences et alternative, ont annoncé, lors de la dernière réunion de la délégation de la position 3, leur choix de ne pas se représenter pour le nouveau CPN et de quitter le NPA à l’issue du congrès. Ci-dessous leur déclaration qui sera transmise avec demande de publication dans le compte-rendu du congrès. Comme convenu avec les camarades de la position 3, cette information n'a été rendue publique qu'après la fin du congrès et après la conférence de presse du NPA où était présent un camarade de la position 3.
« Nous partons et nous continuons » : le titre parle de lui-même. Il ne s’agit pas pour ces camarades (qui s’expriment ainsi en leur nom propre, sans engager ni le courant Convergences et alternative, ni la position 3), de laisser tomber la bataille unitaire mais de continuer, sous d’autres formes, une action politique collective, avec bien sur Convergences et alternative, en commun avec d’autres forces comme expliqué dans leur texte, et, autant que faire ce peut, en lien avec les unitaires du NPA. D’autres camarades de Convergences et alternative ont par ailleurs été élu-e-s au sein de la nouvelles direction (CPN et CE) pour la position 3.
Tout ce qui a été fait pendant ce congrès l’a été avec le soucis constant de garder les liens entre tou-te-s les militant-e-s unitaires du NPA, quels que soient les choix et options différentes des un-e-s et des autres, en ayant conscience que nous avons besoin de rassembler nos forces pour inventer un nouveau projet.
Ainsi, comme nous l’avions décidé il y a près d’un an, Convergences et alternative confirme qu’il est un courant ouvert à tou-te-s, que l’on soit membre du NPA ou que l’on ait décidé de le quitter, avant, pendant ou après le congrès ; un courant qui est organisé en association dans les régions où les camarades en font le choix.
Pour tirer les enseignements de ce congrès, débattre des différentes perspectives à partir des propositions envisageables, et prendre des décisions collectives, une réunion nationale de bilan de la position 3 aura lieu le 12 et 13 mars à Paris. Juste avant, du vendredi 11 au samedi matin 12, se tiendra également une réunion nationale du courant Convergences et alternative. Dans les deux semaines qui viennent, nous mettrons sur pieds un bulletin de discussion interne avec différentes contributions et propositions.
Si dans certaines villes, hors région parisienne, des groupes de Convergences et alternative ont besoin ou souhaitent se constituer rapidement, nous mettons à disposition le matériel de l’association Convergences et alternative Ile de France. Les membres du groupe d’animation du courant sont également disponibles pour venir animer des réunions locales si vous le souhaitez.
Cordialement,
L'équipe d’animation de Convergences et alternative.
Appel du congrès du NPA proposé par la position 3
(Trois appels ont été soumis au vote du congrès et tous les trois ont été minoritaires. Celui de la position 1 a obtenu 136 voix, celui de la position 2 a obtenu 112 voix, celui de la position 3 obtenu 94 voix)
Le puissant mouvement social qui s’est opposé à la contre réforme des retraites a montré la colère des salarié-e-s, des jeunes, d’une grande majorité de la population contre le pouvoir qui est de plus en plus discrédité. Celui-ci reste néanmoins à l’offensive, menant une politique systématique pour défaire les acquis sociaux et démocratiques : destruction des services publics et de l’emploi public, remise en cause de la sécurité sociale, atteintes aux libertés fondamentales, politiques discriminatoires instaurant un climat xénophobe et raciste… Il étale une collusion intolérable avec le monde de la finance ainsi qu’avec les dictatures en Afrique et tout autour de la méditerranée. Du bouclier fiscal aux affaires, c’est une politique de classe que les salariés perçoivent comme telle.
Cette politique suscite de multiples résistances, pour la régularisation de tous les sans-papiers, contre la politique du pilori à l’égard des Roms et des travailleuses et travailleurs immigré-e-s, pour la défense des Services publics et de la sécurité sociale, pour l’égalité réelle entre hommes et femmes, contre la présence des troupes françaises en Afghanistan et en Afrique, pour le soutien à la lutte du peuple palestinien, en soutien aux révolutions en cours au Maghreb, contre les réunions du G8, contre les choix capitalistes et productivistes qui détruisent de manière irréversible l’environnement.
Dans ces mobilisations, le NPA défend l’unité la plus large, regroupant syndicats, associations, partis politiques, comités de mobilisation pour mettre en échec la politique réactionnaire de Sarkozy. Ces mouvements posent eux-mêmes des questions politiques. Le NPA est partisan et disponible pour avancer dans la constitution d’un rassemblement regroupant toutes les forces politiques, les militant-e-s du mouvement social, toutes celles et tous ceux qui refusent de considérer le capitalisme comme un horizon indépassable, qui ne veulent pas d’une simple alternance proposée par le Parti socialiste, mais veulent construire une véritable alternative. Construisons ensemble une alternative aux politiques des socio-libéraux comme en Grèce, en Espagne et au Portugal qui elles aussi font payer la crise aux salarié-e-s.
Il est grand temps d’avancer dans la construction d’une alternative politique susceptible de contester à gauche l’hégémonie du Parti socialiste et de son allié Europe Ecologie. C’est pourquoi le NPA s’adresse aux forces politiques qui se situent à la gauche du Parti socialiste, le Front de gauche, la FASE, LO, AL, PCOF,… mais aussi aux animateurs du mouvement social, à toutes celles et ceux qui veulent en finir avec Sarkozy. Ensemble, nous voulons constituer un rassemblement durable dans les luttes et les élections. Discutons d’un programme qui n’hésite pas à faire des incursions dans la propriété privée pour imposer une autre répartition des richesses, un changement radical des modes de production et de consommation, à remettre en cause les institutions de la V° République et de l’Union européenne.
C’est dans cet état d’esprit que le NPA aborde également les prochaines échéances électorales. Il se déclare favorable à une candidature unitaire à l’élection présidentielle reconnue par le mouvement social et à des candidatures unitaires aux législatives sur la base d’un programme, d’un plan de revendications d’urgence qui répondent aux aspirations et aux revendications portées par les mobilisations sociales. Ce programme n’ira pas sans remettre en cause la logique même du capitalisme, la toute-puissance des multinationales ainsi que la cadre institutionnel de la Ve République et de l’Union européenne. Cela implique également une totale indépendance à l’égard du Parti socialiste et le refus de participer à un gouvernement dirigé, dominé par ce dernier dont on sait qu’il mènera une politique pas très différente, à quelques exceptions près, de celle menée par la droite. Tout soutien et plus encore toute participation à un gouvernement ne peuvent être envisagés que si ce dernier s’engageait à mettre en œuvre les mesures essentielles que nous aurons défendues lors de la campagne électorale.
Si ce rassemblement anticapitaliste est capable de s’unir dans les mobilisations et lors des échéances politiques et électorales, sur la base d’un programme de rupture avec le libéralisme et le social-libéralisme, alors non seulement elle suscitera un immense espoir mais elle donnera crédit au fait qu’une autre France, qu’une autre Europe, qu’un autre monde sont possibles, débarrassés de toutes les formes d’exploitation et d’oppression et garant de la sauvegarde de la planète. C’est le défi qu’il nous faut relever.
NOUS PARTONS et NOUS CONTINUONS
À l’issue de son congrès nous décidons de quitter le NPA.
Issu-e-s d’origines et de traditions politiques et militantes diverses, nous avions répondu à l’appel de la LCR de construire un nouveau parti rassemblant le meilleur des traditions du mouvement ouvrier et des différentes histoires de la gauche, pour proposer une alternative à la crise du capitalisme et au social-libéralisme. Mais au lieu d’être un facteur positif dans la recomposition de la gauche de transformation sociale et d’avancer vers une nouvelle force pluraliste et ouverte, le NPA s’est de plus en plus éloigné de cet objectif.
Ce congrès aurait dû être l’occasion de tirer les bilans d’une orientation politique qui, notamment lors des élections européennes et régionales, nous a amené à l’isolement. Il aurait dû permettre d’analyser et de comprendre les raisons de l’importante désaffection militante qu’a subi le NPA depuis son congrès fondateur et qui s’est notamment traduite par sa rétractation sur le seul courant de l’extrême-gauche traditionnelle autour de l’ex-LCR et de petits groupes.
Cela n’a pas été le cas, les bilans n’ont pas été tirés.
Si cette analyse avait été menée elle aurait permis, au sortir d’un mouvement social inédit, de comprendre l’attente de dizaines milliers de salarié-e-s, acteur-trice-s du mouvement social, syndical, associatif et politique, hommes et femmes de gauche et des classes populaires.
Face à une majorité présidentielle devenue illégitime dans le pays, à un régime institutionnel de plus en plus décrié, une véritable alternative politique à gauche est attendue et indispensable pour mener la bataille idéologique et politique contre les responsables de la crise économique et de la misère sociale, ceux qui font payer cette crise aux peuples en France, en Europe, comme dans le reste du monde. Beaucoup n’en peuvent plus de l’éparpillement irresponsable da la vraie gauche qui l’empêche d’incarner une alternative crédible à un parti socialiste dont on sait qu’il ne fera pas autre chose qu’un Papandréou ou un Zapatero, une fois au gouvernement.
Rassembler l’ensemble des forces politiques à la gauche du PS pour défendre, en 2012 et après, un programme en rupture avec toutes les variantes du libéralisme : telles sont les urgences de la gauche politique.
Les déclarations de dirigeant-e-s du NPA pour une candidature « des luttes » ou « du mouvement social » ressemblent plus à une dérobade qu’à une avancée, puisque, dans le même temps, le congrès du NPA refuse d’engager la discussion pour chercher un accord politique avec les forces rassemblées dans le Front de Gauche ou la FASE. Ce n’est qu’en acceptant d’entrer dans une dynamique unitaire que l’on peut sérieusement engager la discussion sur le programme, et les candidatures les plus à même de représenter le rassemblement. Sans majorité politique à son congrès, le NPA se dirige à nouveau vers la répétition d’une politique isolationniste.
Pour autant, nous considérons toujours que l’expérience accumulée par le NPA ne devrait pas faire défaut à la nécessaire recomposition de la gauche. Mais au regard des échéances sociales et politiques présentes et à venir, la priorité pour nous est désormais de participer à tous les actes concrets qui rapprochent de la constitution d’un front social et politique de la gauche antilibérale et anticapitaliste, qui fasse pièce à la droite sarkozyste comme à la montée de l’extrême droite, et propose une alternative crédible au social-libéralisme.
Le Front de Gauche peut être un premier pas dans ce sens, en passant à une nouvelle étape de son développement, en s’ouvrant à d’autres forces politiques, en se transformant pour accueillir dans des collectifs toutes celles et ceux qui veulent les rejoindre sans nécessairement adhérer à l’une des organisations et ne se réduisant pas à un cartel de sommet.
Il faut impérativement que toutes celles et ceux, citoyen-ne-s engagé-e-s, organisations, courants,…, qui partagent cette même volonté d’unité fassent force politique ensemble.
L’orientation majoritaire du NPA tourne le dos à cette perspective. Membres de la direction sortante nous en prenons acte et nous décidons de ne plus en être. Nous continuerons ce combat notamment avec le courant Convergences et alternative et avec toutes celles et ceux qui partagent cet objectif, qu’elles et ils aient quitté le NPA ou qu’elles et ils y restent. Nous reprendrons ainsi par d’autres chemins le projet que nous croyions possible lors de la fondation du NPA.
Leila Chaibi (ex-CE et CPN NPA L’appel et la pioche), Yann Cochin (ex-CE et CPN NPA Clamart), France Coumian (ex-CPN NPA Paris 19e), Maël Goepfert (ex-CPN NPA Paris centre), Danièle Obono (ex-CE et CPN NPA Aubervilliers), Anthony Smith (ex-CPN NPA Reims), Stéphanie Treillet (ex-CPN NPA Créteil), le 13 février 2011.