Les participant-e-s à la réunion nationale des 5 et 6 juin réaffirment l’importance vitale pour le NPA que son prochain congrès décide d’un changement d’orientation par rapport à celle mise en œuvre ces derniers mois, notamment lors de la campagne des régionales ou de la campagne emploi telle qu’elle a été menée.
La déclaration dite des 28, intitulée « Ne pas abandonner ! Relancer le projet large, pluraliste et unitaire du NPA », adoptée lors du CPN du mois de mars, reprise aujourd’hui par plus de 300 militant-e-s, affirmait : « Il s’agit bien de revenir au projet initial du NPA de construire un parti anticapitaliste large, pluraliste et unitaire. Cela implique de clarifier les ambiguïtés, les non-dits et un certain nombre de compromis du congrès de fondation. Ainsi, par exemple, la perspective de la construction d’un parti anticapitaliste pour la transformation révolutionnaire de la société ne peut être qu’une simple formule. Elle doit être sérieusement précisée car elle donne lieu à des interprétations parfois contradictoires. Cela nécessite aussi de définir une politique unitaire conséquente dans les mobilisations sociales, mais aussi sur le plan politique de manière à pouvoir peser sur les recompositions politiques à l’œuvre à la gauche du Parti socialiste. En un mot donner une dimension concrète à la formule constitution d’un front politique et social ».
Cette ambition est d’autant plus d’actualité qu’une partie de la position A défend une orientation isolationniste qui ne donne pas de traduction sur le plan politique à la résistance et aux mobilisations nécessaires contre les politiques d’austérité menées en Europe et en France et refuse d’intervenir dans les processus de recomposition politique en cours à la gauche du Parti socialiste. Cette orientation les rapproche des camarades du CPN de l’ex-position B qui réduisent la définition du NPA à un simple slogan « le parti des luttes » – ce qu’il doit être mais dont le rôle ne peut se limiter à cela – ce qui, paradoxalement, limite sa capacité à peser réellement dans les mobilisations et les luttes.
Il y a donc urgence à ce que s’exprime une autre orientation.
Nous avons commencé à en tracer les contours avec la déclaration des 28 ou le contenu des amendements dit « Aguirre » face auxquels les camarades mentionnés ci-dessus ont fait un véritable tir de barrage.
Le bilan critique de la séquence des régionales tiré par une partie des camarades de la position A témoigne du fait qu’une modification substantielle de la configuration politique du NPA est à l’ordre du jour. Il en est de même, pour partie, de la récente déclaration de 38 membres du CPN de l’ex-position A mais celle-ci reste encore ambiguë dans sa conclusion sur les choix d’orientation à faire. Si un rassemblement est possible et souhaitable, il doit se faire sur des bases politiques claires, sinon il explosera lors des prochaines échéances politiques et la déception sera à la hauteur de l’espoir qu’il aura suscité. Ainsi, nous pensons que les amendements dits « Christine-Sandra », l’orientation défendue dans plusieurs contributions et déclarations d’une partie de l’ex-position A ne sont pas des divergences secondaires, comme l’écrivent les 38 camarades dans leur déclaration, mais contradictoires avec l’orientation que nous souhaitons que le congrès décide.
Le NPA que nous voulons doit rompre avec la logique d’isolement qui est devenue, hélas, la sienne.
Dans le même temps, le NPA doit aussi participer aux débats, voire les initier, qui vont traverser toutes les forces se situant à la gauche du Parti socialiste. Le débat ne porte pas sur un quelconque ralliement au Front de gauche mais sur la nécessité de répondre à l’aspiration d’unité légitime et nécessaire à la gauche de la gauche. Dans ce sens, le NPA portera publiquement d’une manière offensive devant les travailleurs, le mouvement social et la population la perspective d’un front social et politique. Il s’adressera à toutes les forces de la gauche de la gauche, y compris le Front de gauche, pour leur proposer ce que devrait être une plateforme politique pour les mobilisations et qui pourrait être, sur le terrain politique, la base d’un front qui aille au-delà de simples accords ponctuels sur telle ou telle question. La viabilité d’un tel projet se mesurera à la capacité de se mobiliser en commun contre la remise en cause des acquis sociaux et démocratiques perpétrée à l’échelle européenne par l’Union européenne et les différents gouvernements nationaux. C’est avec cet état d’esprit que nous aborderons la possibilité de campagnes et de candidatures communes lors des prochaines échéances sociales et électorales, ce qui implique une totale indépendance à l’égard de la social-démocratie.
La constitution d’un tel front politique et social pourrait s’ouvrir largement aux militants associatifs, syndicaux, et représenter ainsi un correspondant politique au mouvement social. Les mobilisations dans les quartiers, les entreprises, contre la précarité et les discriminations, pour le féminisme et l’écologie, et tant d’autres combats, doivent trouver une traduction dans cette proposition.
Plus que jamais, nous avons la conviction qu’au-delà des positions prises par les uns et les autres depuis la création du NPA, nous sommes beaucoup à partager une grille d’analyse voisine, qui n’épuise pas tous les débats, mais dont le point commun, et c’est là l’essentiel, renvoie à une conception commune de ce que devrait être le NPA.