Déclaration unitaire rendue publique le 9 avril 2010. Une version au titre modifié est également parue dans le journal Politis ce même jour.
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Les élections régionales marquent l’ouverture d’une crise politique et démocratique profonde. La désaffection sans précédent des citoyen-ne-s souligne la nécessité d’une révolution démocratique, de nouvelles formes politiques, d’un dépassement de l’actuelle crise du rapport représenté-e-s – représentant-e-s.
Dans le même temps, le verdict de ce scrutin est sans appel : c’est une claque pour la politique du gouvernement et de Sarkozy. Avec 36 %, le score le plus bas pour la droite sous la 5° République, le Sarko-populisme a perdu de sa superbe et de sa légitimité. Sa politique antisociale brutale, ses discours démagogiques, alors que les difficultés de la vie quotidienne se sont fortement aggravées depuis la crise financière, nourrissent le dégoût et l’abstention massive, et renforcent le vote pour le Front National.
Le pouvoir perd en légitimité au moment où il s’apprête à appliquer, comme dans le reste de l’Europe, les recettes d’austérité visant à faire payer la crise aux plus défavorisés. Les combats sociaux, politiques et citoyens sont donc devant nous.
La gauche de transformation sociale devra non seulement soutenir et renforcer les luttes en cours, mais construire également avec le plus large éventail de forces sociales et politiques possibles, les réponses à la hauteur des changements nécessaires pour faire face à la crise économique, sociale, environnementale et démocratique.
Mais pour éviter les désillusions du passé, les renoncements aux conséquences terribles pour le mouvement ouvrier, cette nouvelle gauche doit devenir une force et une alternative incontournable.
Elle doit convaincre que pour sortir de la crise, il est possible de tracer une autre voie que celle suivie aujourd’hui par des gouvernements de gauche en Grèce, au Portugal, en Espagne, enfermés dans les dogmes du libéralisme économique et des traités européens. Elle doit convaincre que l’impératif écologique, essentiel à tout projet d’émancipation, commande d’assumer les ruptures avec l’ordre libéral, ne peut ignorer la crise capitaliste et suppose de réfuter les illusions du capitalisme vert. [...]
Il est urgent de mettre en débat et de faire vivre cette alternative à gauche, engageant une politique de rupture avec le libéralisme et le productivisme, développant une politique de transformation sociale, écologique et démocratique. Une telle dynamique ne pourra se créer qu’avec les citoyen-ne-s et les acteur-trice-s des mouvements de résistance, élaborant les solutions correspondant à leurs attentes. Ces exigences doivent être portées par un rassemblement politique crédible, durable, où puissent converger toutes celles et tout ceux qui luttent pour l’émancipation. Pour cela « l’autre gauche » doit continuer à construire son unité, son rassemblement, et dépasser les logiques isolationnistes.
Si l’unité et la dynamique d’appropriation citoyenne sont loin d’avoir suffisamment progressé lors de ces élections régionales, si l’unité n’a pas été complète, il y a cependant des points d’appui pour l’avenir. Le « Front de Gauche », constitué aux Européennes, s’est allié à d’autres composantes dans les listes « Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologistes, et citoyennes » lors de ces régionales, et l’union s’est faite encore plus largement jusqu’au NPA dans certaines régions. Quand l’unité était au rendez-vous, des dynamiques ont commencé à s’engager dans les urnes mais aussi sur le terrain de l’action collective ; des solidarités et des fraternités militantes sont nées ; l’élaboration de programmes alternatifs a progressé. Le Limousin en a été une expérience emblématique.
Mais des logiques partidaires ont freiné le rassemblement. Des forces unitaires ont été laissées sur le chemin, et le trop faible renouvellement des pratiques politiques n’a pas permis un plein engagement des secteurs du mouvement socialL’urgence est maintenant d’ouvrir les fenêtres d’un rassemblement à l’ensemble des forces politiques, syndicales, associatives et citoyennes de la gauche de transformation sociale. Leur implication est indispensable à la levée d’une dynamique et à une construction politique nouvelles. Cette union est attendue par toutes celles et ceux qui veulent résister et reprendre l’offensive contre le néolibéralisme ; qui veulent mener la bataille contre le Front National.
Nous nous associerons à toute démarche allant dans ce sens. Il faut reprendre l’initiative tous ensemble, construire des convergences collectives à la base pour créer une dynamique de rassemblement. Nous sommes favorables à toutes initiatives, au niveau local, départemental, régional, s’appuyant sur les expériences unitaires en cours, aboutissant à des assises nationales d’un front ouvert à toute la gauche de transformation sociale, pour un travail d’élaboration et d’action politique en commun, dans les luttes sociales comme dans les prochaines échéances électorales.
NOUS EN SERONS !
Gilles Alfonsi (Association des Communistes Unitaires/FASE)
Clémentine Autain (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique)
Jean-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs)
Patrick Braouezec (Association des Communistes Unitaires/FASE)
Leila Chaibi (L'Appel et la Pioche/NPA)
Yann Cochin (Convergences et Alternative/NPA)
Pierre Cours Salies (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique)
Rachel Lafontaine (Les Alternatifs)
Sylvie Larue (Association des Communistes Unitaires/FASE)
Laurent Levy (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique)
Henri Mermé (Les Alternatifs)
Roland Merieux (Les Alternatifs)
Gilles Monsillon (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique)
Danielle Obono (Convergences et Alternative/NPA)
Anthony Smith (Convergences et Alternative/NPA)
Pierre Zarka (Association des Communistes Unitaires/FASE)