03 octobre 2013
| Par Les invités de Mediapart
Quelles
alliances à gauche pour les élections municipales ? « Partout où c'est possible, et en particulier
dans les grandes villes, comme à Paris, Lyon, Toulouse, Marseille… il
faut travailler la construction de listes ouvertes à
l’initiative du Front de Gauche », proposent Clémentine
Autain, Jean Jacques Boislaroussie, François
Calaret, Ingrid
Hayes et Stéphanie Treillet.
Certains commentateurs médiatiques
voudraient imposer un triste décor pour cette rentrée politique et
sociale : une mobilisation contre la réforme des retraites déjà enterrée
avant même que le débat ait commencé à l’Assemblée, un gouvernement
habile à imposer sans heurts des politiques d’austérité et des réformes
libérales, tandis que le Front National serait la seule force montante et
dynamique à tirer profit de la situation…
C’est
oublier que le surgissement de l’imprévu est la seule chose fiable.
Prenons la mesure de la rupture en cours : François Hollande, élu pour
chasser Sarkozy, s’assume maintenant comme le « président des
entreprises ». Ses ministres sont aux petits soins, avec indécence, pour
les patrons. Le gouvernement Ayrault est le premier gouvernement de gauche à
augmenter la durée de cotisation pour avoir droit à une retraite, à la suite de
Balladur et Fillon, et il ose augmenter l’impôt le plus injuste
qu’est la TVA alors que, comme les récents travaux de Thomas Piketty le
démontrent avec force, les riches n’ont jamais été aussi riches. Une
telle situation ne peut rester sans provoquer des chocs et des retours de
bâtons ! Aucune avancée réelle dans le domaine de l'écologie. Les
mesurettes avancées par François Hollande restent largement symboliques, et ni
l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ni le nucléaire ne sont remis en cause.
Les
politiques de division, agitées autant par la droite, l’extrême droite
que par un Manuel Valls, stigmatisent les étrangers, les Roms, les
musulmans… et s’appuient sur la violence sociale, la résignation et
le repli sur soi. Mais les capacités de résistance du monde du travail et de la
jeunesse restent entières. Les aspirations à une société plus juste, plus
égalitaire, plus démocratique sont un moteur puissant de nombreuses résistances
qui se mènent au jour le jour dans les entreprises, les quartiers, les écoles,
les universités.
Dans
cette situation, le Front de gauche ne peut pas rester l’arme au pied,
passif, à remuer ses divisions. Il est la deuxième force à gauche dans le pays,
une force nouvelle, capable de mobiliser dans la rue et dans les urnes des
centaines de milliers d’hommes et de femmes. Les manifestations du 30
septembre et du 5 mai, qui à chaque fois nous ont surpris par leur ampleur, ont
démontré que les énergies sont disponibles à gauche. Le Forum du 16 juin pour
une alternative à l’austérité a permis de nouer un dialogue avec des
forces politiques, sociales, syndicales, écologistes, qui doit se traduire par
des initiatives concrètes, populaires, notamment pour refuser l’austérité
brutale que le gouvernement Ayrault veut imposer dans le cadre du budget 2014.
C’est le chemin pour faire émerger dans le pays une véritable alternative
de gauche à ce gouvernement.
L’enjeu
des élections municipales est de construire des majorités au service des
populations, des majorités qui refusent l’austérité et la logique sociale
libérale. Pour cela, nous voulons défendre une alternative à la politique
d'austérité du gouvernement et de sa majorité, porter des propositions
sociales, écologiques, démocratiques au service de la population, rassembler
les forces opposées à la politique qu’il mène, faire barrage à la droite
et à l'extrême-droite et combattre l’abstention. Nous pensons que
partout où c'est possible, et en particulier dans les grandes villes, comme à
Paris, Lyon, Toulouse, Marseille… il faut travailler la construction
de listes ouvertes à l’initiative du Front de Gauche, en lien avec les
initiatives populaires et citoyennes, pour le premier tour des élections
municipales, listes ouvertes aux acteurs du mouvement social et aux forces qui
se reconnaissent dans cette démarche, dans le but de changer les rapports de
force à gauche. L’existence de telles listes initiées par le Front de
Gauche est un enjeu majeur pour donner à celui-ci une visibilité nationale à
l’occasion de la première échéance électorale depuis l’arrivée au
pouvoir de François Hollande et pour porter des propositions à gauche contre
l’austérité et au service des populations. Dans une situation où
l’exaspération et la colère ne cessent de croître, le Front de Gauche est
un outil incontournable pour proposer une perspective d’espoir et
combattre le risque d’abstention.
Nous
savons que les situations sont très différentes suivant la taille des communes
et les situations politiques locales. Toutefois, quand les conditions peuvent
être réunies pour construire un accord, sur les principaux axes d’une
vraie politique de gauche, solidaire, démocratique, écologique dans les
communes, un refus de se soumettre aux logiques d’austérité, une
indépendance vis-à-vis de la politique du gouvernement, il est possible de
proposer à des sections locales du Parti socialiste, d’Europe Ecologie,
du NPA… de constituer des listes communes. Cela est décisif notamment
pour reconduire les municipalités dirigées par le Front de Gauche, comme dans
les situations où le FN risque de conquérir des municipalités. Il est
nécessaire que la construction des programmes et la dynamique des campagnes de
ces listes fassent de la politique l'affaire de toutes et tous.
A
l’échelle nationale, et dans la durée, nous avons la responsabilité de
surmonter une situation complexe en donnant un nouvel élan au Front de gauche.
Il doit être, à travers tous les espaces qu’il a créés – les
assemblées citoyennes, les fronts thématiques, le conseil national…
– un véritable instrument d’intervention populaire et d’innovation
politique.
Construire
et rassembler le Front de Gauche pour lui permettre de déployer une dynamique
populaire n’a jamais été facile. Nous savons depuis cinq ans que
l’unité de nos forces est incontournable. C’est notre oxygène.
Alors prenons une grande bouffée, et passons à l’action !
Clémentine
Autain (Fédération pour une Alternative
Sociale et Ecologique)
Jean-Jacques Boislaroussie
(les Alternatifs)
François Calaret (Gauche
Unitaire)
Ingrid Hayes (Gauche Anticapitaliste)
Stéphanie Treillet
(Convergences et Alternative)
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