Editorial du bulletin "Trait d'Union", n° 4, mai 2013
Rarement un gouvernement de gauche
aura fracassé si vite les espoirs de changement, attendus par ceux qui ont
chassé Sarkozy, sa politique et son « bling-bling ». L’affaire Cahuzac amplifie
une profonde crise politique et démocratique, et sonne comme un désaveu de
toute la politique du gouvernement. Car le grand «scandale», ce sont les 20
milliards de cadeaux aux patrons au nom de la «compétitivité», les reculades
dans la taxation des plus riches, des grands travaux inutiles imposés,
l’acceptation des désideratas du MEDEF pour mieux licencier, le refus d’une
prise de contrôle des entreprises des patrons voyous à PSA, Florange, Petroplus
... Quand en plus, celui qui était chargé, au gouvernement, d’exécuter un
budget d’austérité plutôt que de lutter contre la fraude fiscale, se révèle
lui-même être un fraudeur, le système est mis à nu.
Le déni démocratique devient
gigantesque quand on rappelle que 590 milliards d’avoirs français, placés dans
les paradis fiscaux, échappent à l’impôt... Si un ministère du budget faisait
rapatrier la valeur annuelle de cette fraude fiscale, qui s’élève à 80
milliards d’euros, il n’y aurait plus de déficit budgétaire ... Déni
démocratique encore, quand, à l’ombre de l’affaire Cahuzac, le gouvernement
s’entête à faire adopter, avec la complicité de la droite, une loi sur l’ANI
qui remet frontalement en cause les droits des salariés, comme aucun autre
gouvernement n’a osé le faire.
Profitant de cette crise, c’est une droite radicalisée, héritière de feu-Thatcher, qui hurle et vocifère pour en finir avec les acquis sociaux et démocratiques, et avance des solutions impliquant un vrai recul de civilisation. En s’alliant avec l’extrême-droite, elle mobilise dans la rue contre l’égalité des droits. Agressions homophobes, débordements des groupes d’ultra-droite, harcèlement d’élus à leur domicile, langage de guerre civile, certains réactivent une fantasmagorie évoquant février 1934. Il reste à leur opposer l’ambition d’un nouveau juin 1936, comme à l’époque du Front Populaire, qui vienne écarter les relents nauséabonds de cette crise, et redonne un vent porteur pour une issue à gauche.
Il
y a donc urgence à reprendre la rue à la droite, et rassembler pour une
alternative à gauche.
Le 1er mai se situera dans la
continuité des mobilisations qui se sont opposées aux choix d’un gouvernement
accroché à l’orthodoxie du libéralisme. Et ce sera l’occasion de réaffirmer les
solidarités internationales du monde du travail, notamment avec ceux qui croulent
sur le poids des politiques aveugles de l’Union Européenne.
Le 5 mai, avec le Front de Gauche,
doit être l’occasion d’un rassemblement du peuple de gauche qui ne se reconnait
pas dans la politique menée, et qui aspire à un changement radical de politiques,
contre la finance et l’austérité.
La crise de représentation politique
est d’une telle ampleur qu’elle appelle à une refonte du cadre institutionnel,
vers une 6e République démocratique, sociale et écologique, celle de l’égalité
des droits : le droit au mariage pour tous et toutes, le droit de vote aux
étrangers, le droit des salariés dans l’ entreprise, le droit au logement, à la
santé, à un environnement protégé ... C’est l’exact opposé du populisme des
droites extrêmes, cocardier et xénophobe, qui commence toujours par désigner
des boucs-émissaires pour finalement défendre un système à bout de souffle.
Le Front de Gauche a pris
l’initiative le 5 mai. Il doit avoir la volonté d’impulser un rassemblement,
plutôt qu’ un ralliement, bien au-delà de ses propres forces, vers le mouvement
social, vers les secteurs critiques dans le PS et EELV. Ce doit être le début
d’une mobilisation élargie pour construire, autour d’une autre politique, une
nouvelle majorité qui gouverne vraiment à gauche, contre la droite,
l’extrême-droite et le MEDEF.
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