mardi 25 octobre 2011

Les vrais « primaires » à gauche auront lieu aux premiers tours en 2012. A gauche toute pour battre la droite !

Alain Montaufray, CetA Aubervilliers (93), équipe d’animation nationale, 20 octobre 2011

"Avec le Front de gauche, enflammons de débat!"
3 millions d’électeur-trice-s à la primaire socialiste, c’est un événement politique. Une partie importante de l’électorat de gauche s’est mobilisée, au delà des soutiens habituels du PS. Si les débats ont fait apparaître peu de différences entre Aubry et Hollande, les résultats du premier tour ont démenti les commentateurs et sondeurs du système médiatique, avec 17 % des électeur-trice-s se servant du bulletin Montebourg pour dire au PS « à gauche, plus à gauche »… Une nouvelle confirmation des grandes tendances à l’œuvre dans l’opinion : se saisir de toutes les occasions offertes, s’engouffrer dans toutes les brèches, pour exprimer la double volonté de mettre fin au sarkozysme et de pousser la gauche le plus à gauche possible, dans cette situation de crise sans fin devenant de plus en plus insupportable.
Il restera beaucoup à dire sur le principe de « primaires » et le second tour laisse dubitatif sur le « renouvellement » des pratiques. Il fut dominé par les mécaniques habituelles de ralliements au sein du PS, et un matraquage pro-Hollande prétendant que lui seul, et de surcroit un homme, pouvait vaincre Sarkozy. Tout cela pour désigner le candidat assumant une politique de « centre gauche », dite de la « gauche molle », face à une « droite dure » qui espère d’ailleurs en tirer profit.
Pourtant, dans tous les scrutins depuis 5 ans (européennes, régionales, cantonales, sénatoriales) une majorité de gauche s’affirme dans l’opinion, alors que le « centre droit » se rétrécit, y compris aux sénatoriales, scrutin pourtant taillée sur mesure pour favoriser les notables des « centres ». Mais Hollande, après Valls, veut ressusciter Bayrou ! Répétant que « la gauche ne peut être majoritaire à elle seule », il en appelle au « rassemblement », non vers la gauche, mais vers le centre. Comme si, effrayé de l’exigence grandissante que la gauche soit vraiment à gauche pour résister à la crise du capitalisme libéral, Hollande avait besoin de cet alibi du « centre » avec qui s’allier pour faire accepter son orientation basée sur la réduction des déficits, le paiement de la dette, le respect de la « règle d’or » des financiers, et « les sacrifices » qui vont avec.
Que Royal se rallie à cette idée n’est pas surprenant, elle qui alla, entre les deux tours de la présidentielle de 2007, proposer à Bayrou le poste de premier ministre. Ce ne fut pas du « gagnant/gagnant », mais bien du « perdant/perdant » face à la droite. Mais que Montebourg monte dans cet attelage autour de Hollande, semant le désarroi parmi ses électeurs, interroge sur ses objectifs politiques. Il est vrai qu’à son exigence forte d’un contrôle sur le système bancaire, il n’ajoutait peu de mesures concrètes. Son concept bien vague de « démondialisation » masquait l’absence des propositions qui devraient constituer le cœur d’une politique qu’engageraient une majorité et un gouvernement de combat contre la mondialisation libérale. Il n’a rien dit sur les salaires et le SMIC à 1700, sur la retraites à 60 ans sans augmenter les annuités, sur la remise en cause, par un audit et un moratoire, de la légitimité de la dette à rembourser, sur la convocation d’une assemblée constituante pour sortir de la 5e République et non l’aménager à la marge, sur le refus d’appliquer les directives du traité de Lisbonne allant à l’encontre d’une politique de changement social. Rien non plus sur la planification écologique et l’urgence d’un débat démocratique conclu par un referendum, pour trancher les choix énergétiques du nucléaire et des énergies fossiles. Ces questions de fond marquent pourtant la différence entre une posture le temps d’un premier tour de primaire, et une politique de rupture concrète telle que le porte le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon.
Les électeur-trice-s de gauche, qui ne trouvent pas leur compte dans cette primaire socialiste, donnant finalement l’investiture à un candidat annonçant qu’il ne pourra faire mieux que ses amis socialistes Grecs, Espagnols, ou Portugais, auront l’occasion de faire le vrai choix lors des premiers tours de la présidentielle et des législatives en 2012.
Ce sera la vraie « primaire » à gauche en quelque sorte, avec tou-te-s les électeur-trice-s de gauche cette fois-ci, pour choisir entre une gauche de transformation sociale, ou une gauche d’accompagnement du libéralisme, entre les candidat-e-s socialistes ou les candidat-e-s du Front de gauche. Ils pourront le faire sans crainte de favoriser la droite, dès lors que tou-te-s les candidats se seront engagé-e-s à se rassembler au second tour derrière le mieux placé pour battre enfin la droite et écarter l’extrême-droite.
D’autant que 2012 ne se réduit pas à l’élection d’un président, mais aussi à celle d’une Assemblée nationale qui décidera dans quel sens penchera la balance, vers la droite, vers une gauche d’accompagnement de la crise, ou vers une gauche de transformation qui, adossée au mouvement social, assumera la confrontation avec le système financier et imposera un autre partage des richesses, et peser sur la situation gouvernementale, quelle qu’elle soit.
Le débat à gauche commence vraiment maintenant. Pour un vrai choix, à gauche à 100 % pour battre la droite !

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