L’équipe d’animation du courant Convergences et alternative, 23 juin 2011
Un vent de changement a soufflé dans les pays arabes, il rebondit en Europe de places en places. L’« indignation » est à son comble, elle se répand et se répond par-delà les frontières. En France, nous étions des millions à l'automne à faire front contre la réforme des retraites et contre les politiques néolibérales qui agressent partout nos acquis et nos droits. Elles et ils sont maintenant des millions d'indigné-e-s, en Grèce, en Espagne ou au Portugal, à crier leur colère. L’urgence d’une alternative à gauche est manifeste. Plus que jamais la gauche anti-libérale et anticapitaliste porte une responsabilité considérable, elle doit s’unir. Si l'on veut contrecarrer la montée du Front national, si l'on veut en finir avec le sarkozysme, battre la droite et l'extrême-droite en 2012, cette alternative de gauche est impérative.
Le moment est venu de bousculer les constructions politiques conservatrices. C’est aujourd’hui possible : un large rassemblement est à portée de la main, porteur d’un programme pour une majorité vraiment à gauche, qui gouverne pour le peuple et non pour les banques et les actionnaires. Au moment où les politique menées par les Partis socialistes dans les gouvernements en Europe se réduisent à la gestion des plans d'austérité de l'Union européenne et du FMI, il faut que la gauche de transformation sociale se rassemble autour de candidatures unitaires à la présidentielle et aux législatives en 2012 et porte un espoir de changement. [...]
Le programme débattu et proposé par le Front de Gauche est un point de départ suffisant pour permettre un rassemblement avec lui des courants de la gauche anticapitaliste et alternative. L’union doit se faire dans le respect de la diversité des positions, mais les divergences existantes pourront se dépasser dans de nouvelles discussions et dans les pratiques communes. Ce qui nous unit à ce stade est plus important que ce qui nous différencie. Nous sommes à un tournant dans le rassemblement des forces de la gauche de transformation sociale. Les militant-e-s du PCF viennent d'approuver à 60 % la participation à une campagne commune présidentielle et législative, avec J.-L. Mélenchon comme candidat. Après les prises de position du Parti de gauche et de la Gauche unitaire, c'est un choix important, qui permet d'envisager la construction d'un rassemblement avec le Front de Gauche et au-delà. La Fédération (FASE) s’est engagée dans une démarche allant dans le même sens. Les discussions avancent entre le Front de Gauche et d'autres formations (dont la FASE, République et Socialisme, et notre courant Convergences et alternative) dans l'objectif d'ouvrir le Front et de le transformer, au-delà d'un cartel d'organisations, en un rassemblement dynamique capable de promouvoir des « assemblées citoyennes », des forums publics, des comités de campagne, pour que toutes les énergies individuelles et collectives, dans ou hors des partis, puissent s’engager. Dans les jours qui viennent seront précisées les modalités d'une mise en commun, qui devra aussi élargir l'éventail des candidatures unitaires législatives, là où c'est possible, à l'exemple du rassemblement réalisé en Limousin.
Mais la même semaine, le NPA vient de faire un choix inverse, donnant une majorité à une orientation refusant toute démarche unitaire, s'engageant dans l'impasse d'une candidature de témoignage isolée, qui, si elle existe, ne fera avancer ni les idées anticapitalistes, ni le rassemblement d'un pôle politique crédible répondant aux attentes. Ce choix met fin au projet d'un NPA ouvert et pluraliste, et inaugure une nouvelle formation d'extrême-gauche au devenir incertain. Celles et ceux qui, dans le NPA, ont pris position pour une orientation unitaire ne pourront rester sans réagir, sans agir pour empêcher la dispersion de leurs forces. Les acquis politiques et militants portés par le courant anticapitaliste, les questions qu’il soulève (comme les relations entre luttes, institutions et élections, ou la dimension plurielle des luttes sur les terrains de l’écologie, du féminisme, de l’antiracisme, des luttes sociales…) seraient plus entendues et utiles si elles et ils prenaient place dans l'élargissement de cet espace politique en construction. On ne peut faire l’impasse sur l'échéance de 2012, qui sera un moment clé de clarification et de recomposition des projets politiques à gauche. Dans le même temps, il faudra penser la construction future d'une nouvelle force politique, pluraliste, cherchant à faire converger le meilleur des traditions socialistes, communistes, anticapitalistes, avec les secteurs du mouvement social porteurs des élaborations issues de leurs expériences de lutte et de combat.
Le courant Convergences et alternative, issu des débats du NPA, avait décidé, après le congrès du NPA en février dernier, de prendre son autonomie, de participer à l’élaboration des contenus politiques alternatifs, d’agir dans le Front en construction pour favoriser son ouverture à un grand nombre de forces populaires, citoyennes et militantes. Une « nouvelle phase » du Front de Gauche s'ouvre désormais, et nous en serons. Nous avions déjà pris position pour soutenir la candidature présidentielle qui rassemblerait le plus de forces de la gauche de transformation sociale. Celle de J.-L. Mélenchon est désormais la seule à même de faire un large accord, pour une campagne qu'il faudra construire de manière collective, riche de la diversité du rassemblement, et incarnée par une parole portée à plusieurs. Là aussi, nous en serons, ainsi qu’au meeting de lancement de la campagne le 29 juin à Paris. Nous confirmons notre volonté de poursuivre les discussions entamées avec le Front de gauche et notre disponibilité pour toutes les initiatives qui concrétiseront ce processus de convergence. Nous appelons tou-te-s les militant-e-s qui se reconnaissent dans la démarche que nous avons engagé à venir en partager les choix lors de notre réunion des 2 et 3 juillet.
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